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Alceo Carigano
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MessageSujet: Journal   Journal Icon_minitime1Ven 14 Mar - 0:19

Je ne me nommerai ici que sous le pseudonyme qui fut le mien depuis bien longtemps. Mon nom est One Shot, je suis né à à Chicago le 13 avril 1981. Avant toute chose, je n'écrirai pas mes chroniques par ordre chronologique: il s'agira des épisodes qui me viennent au moment de l'écriture.

Mais commençons de même par le début, ma prime jeunesse.
Mon enfance fut tout ce qu'il y a de plus banal. Rien de bien passionnant jusqu’à mes dix ans. Le jour de mon anniversaire, mon Parrain m'inscrivit dans un club d’activités multi-sport. J'y ai découvert le tir sportif et une certaine révélation. Mes parents décelèrent mon "talent", résilièrent le multi-sport et m’inscrivirent à la seule activité de tir. J'aimais tellement cela que, sitôt rentré de l’école, j'allais dans l’arrière cour de la maison pour m’entraîner avec la vieille carabine du padre. Les plombs jonchaient le sol et les bouteilles brisées net au goulot étaient entassées contre le mur.

Le premier grand moment de ma vie fut le jour de mes douze ans où je réussis le bottleneck shot (lancer une bouteille en l’air, tirer à travers le goulot, sans le casser, et percer le fond). J'aimais ça et chaque jour, je m'entraînais, encore et encore. C’est d’ailleurs lorsque j'eus douze ans que je commençai le close-combat et la boxe américaine sur les traces de mes idôles : Rubin « Hurricane » Carter et Muhammad Ali. Petit à petit, le monde de l'école devint plus lointain. J'ai devenu dans l'imagerie des gens un enfant « à problèmes » et violent. Si lents que fussent mes progrès scolaires (à l'époque, j'arrivai à peine à lire et à écrire correctement), j'étais très prometteur dans le domaine de l’armement de poing et de son utilisation: je m’étais intéressé de très près au fonctionnement des armes, à leur évolution, leur mécanique … et du combat à mains nues. Je fréquentais plus souvent l'armurerie du coin que le terrain de basket où squattaient mes "copains" de classe.

La même année, je remportai mon premier combat « officiel » de boxe par K.O. et fut reçu deuxième au championnat de tir. Je me souviens ... Jamais je ne me suis pardonné cette deuxième place, jamais ! Dans un duel, le deuxième est le mort.

Le 13 avril 1993, mon Parrain changea à nouveau ma vie: il m'offrit mon premier « vrai » pistolet : un Luger P08 Parabellum qui trôna en bonne place dans ma chambre à coucher. Jamais je n'ai tiré avec ce pistolet. Pour moi, c'était une sorte d'oeuvre d'art et je me contentais de le regarder le soir avant de m’endormir. Ca durait parfois une heure pendant laquelle je m'imprégnais de chacune des courbes et des veinures de l'arme. Des moments magiques.

Six jours plus tard, le 19 avril 1993. J'ai eu mon premier pépin sérieux. Le caïd du bahut m'a menacé d’un canif. Sans réfléchir, j'ai utilisé les techniques de self defense et de close-combat. J'ai retourné l'arme conter son propriétaire et je l'ai envoyé sur un lit de clinique, un poumon percé et deux côtes cassées. Ils m'ont viré du bahut et mon dossier était tellement blindé des conneries mineures que j'avais pu faire que personne n'était assez timbré pour courir le risque d’avoir une telle bombe à retardement dans l’enceinte de son établissement. J'ai donc vécu dans la rue, m'y faisant de nouvelles fréquentations. Rentrer dans une bande n’est pas si facile quand t'as treize berges, mais je me suis suffisamment bien débrouillé. Surtout lorsque j'ai ramené deux bouteilles de vodka volées à l’épicier du coin au caïd. J'ai jamais compris pourquoi papa et maman ont continué à dépenser leur blé pour me permettre de pratiquer le tir et les sports de combat. J'en faisais maintenant quatre : self-defense, boxe, judo et jiu jitsu.

La "belle vie" n'a duré qu'un an. Je m'amusais à jouer les petits caïds, je me sentais quelqu'un qui avait du "potentiel", qui pouvait devenir comme Franky et Georg, un caïd, un vrai de vrai. Mais il faut reconnaître que, petit à petit, les délits se firent plus … costauds. J'ai pas apprécié de voir comment ça tournait et je m'inquiétais pour ce qu'allaient penser papa et maman. J'ai fini par quitter la bande et je me suis retrouvé à nouveau tout seul. Heureusement, un "ange gardien" avait les yeux sur moi depuis des années et il m'a offert de quoi m'en sortir: le gérant du club de tir m'offra mon premier boulot en m’engageant dans le club comme assistant et préposé à l’entretien des armes. J'ai travaillé au noir pendant un an, multipliant officiellement les stages et les bénévolats. Grâce à ça, j'ai vu défiler pas mal de règles-comptes et de personnes plus ou moins bien placées dans le milieu. J'avais jamais soupçonné combien les gars de la NRA pouvaient avoir de pognon. Il semblait leur dégouliner des poches.

Entre les périodes de taf, j'passais mon temps à s’entraîner au tir, parfois plusieurs heures de suite. J'attaquais les exercices de vitesse pure : maîtrisant déjà le « bottleneck shot », j'voulais m'attaquer au "drop shot" : lâcher une alumette, dégainer de la même main, tirer et casser l’allumette avant qu'elle ne touche le sol puis rengainer. J'ai jamais réussi à rengainer mon flingue à temps et rares furent les coups où j'avais seulement eu l’allumette peu avant qu’elle ne touche le sol. Bref, ma vie coula comme un fleuve tranquille durant cette période … Les parents désespéraient de me voir un jour « réussir dans la vie » mais se contentaient de ce petit travail et de mon assiduité aux cours de combat et de tir. Je ne vivais plus que pour ça.

A 16 ans, je reçus une proposition d’un habitué du club pour un travail comme vendeur dans son magasin d’armes et de munitions. J'ai refusé, préférant un taf minable dans un club de tir qui payait pas de mine. Pendant un an, je me suis plutôt consacré à la boxe et au maniement du couteau en continuant les championnats : j'ai réussi à décrocher une troisième place au judo dans le comté de Depra et une première place en boxe.

Il y eut un "accident" qui précipita mon entrée chez les Marines, à tout juste 17 ans. Les Marines, j'y suis resté quatre ans, et voila ce que j'en ai retenu:

This is my rifle. There are many like it, but this one is mine.
My rifle is my best friend. It is my life. I must master it as I must master my life.
My rifle, without me, is useless. Without my rifle, I am useless. I must fire my rifle true. I must shoot straighter than my enemy who is trying to kill me. I must shoot him before he shoots me. I WILL…



Dernière édition par Alceo Carigano le Mer 6 Aoû - 14:41, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Journal   Journal Icon_minitime1Dim 23 Mar - 17:05

Début 2005, je quittai la Légion alors que se présentait à moi une opportunité d’y faire carrière. Allez savoir ce qui m’est passé par la tête. Mon grand-père m'en avait parlé. Pour lui, je ne serai jamais quelqu'un. Je suis trop axé vers l'auto-destruction. Je suis sorti à 24 ans passés de l'enfer vert du 3ème REI... J'aurais vraiment pu devenir un diamant finement ciselé, l'orgueil des orfèvres qui m'ont façonné tout au long de ma longue phase d'apprentissage, si je n'avais pas été ravagé par un des pires fléaux qu'il m'ait été donné de connaître: l'alcool. La petite bouteille m'a complètement dézingué. Le spectre de l’ombre rassurante de l’esprit embrumé par un verre de trop avait commencé à me hanter peu après la mort de Paulie et s'était éloigné avec la Légion et le travail intensif. Mais une fois revenu dans le civil, il est à nouveau reparu, telle une ombre tapie dans un coin de ma tête qui resurgit régulièrement. Et à nouveau, cette ombre m’a fait plonger. J'ai jamais pu dire pourquoi mais ça a été un terrible coup. J'enfilais verre après verre, jusqu'à avoir de sacrées murges. De Guyane, je suis parti au Mexique où je restai jusqu’en août 2005. Le seul truc de constructif que j’y faisais, c’était de l’entraînement physique et de l’entraînement au tir. J’avais même trouvé un maître brésilien complètement taré pour m’enseigner le Vajra Mushti, art de combat indien également enseigné au Brésil, allez savoir pourquoi ... Toujours est-il que j’ai ajouté une nouvelle corde à mon arc des techniques de combat au corps. J’y ai gâché mes économies gagnées à la Légion et je décidai de repartir au Mexique où l’on m’avait dit qu’il y avait des opportunités de mercenariat pour les anciens militaires … Avec la mode des enlèvements d’enfant …

C'est donc mon CV d’ex-Marine et d’ancien Légionnaire qui m'a tiré de cette mauvaise passe où tout mon salaire passait dans les bouteilles. Mon CV de tueur entraîné que j’ai façonné pendant mes quatre ans chez les Marines et mes deux dans la Légion. Allez savoir pourquoi, mais avoir une bague au doigt m'a été fortement utile. J'ai pu trouver un job qui m'a permis de sortir de mon quotidien crasseux de larve alcoolique.

Ce salut, j’le dois à Juan Cortez, millionnaire de Tijuana au Mexique, qui m'a contacté par l'intermédiaire d'un de ses "amis" qui recasait les militaires mal baisés une fois retournés dans le civil. J’me souviens, il m’a contacté en novembre 2005... J’avais rien trouvé de potable entretemps. J'ai pas aimé ce type dès le départ: genre gueule de jeune premier, nouveau riche du style à étaler son pognon aux yeux de tous, à s'acheter une baraque de style colonial en plein milieu de Tijuana, à rouler en Bugatti ou en Mercedes au milieu de la misère du monde. En bref, le genre de sale con qu’on préfère éviter pour peu qu’on partage pas ses conneries de valeurs capitalistes. Mais voila, ce mec avait une femme formidable et une fille de 10 ans. Et il a pris contact avec moi pour me demander de protéger sa gamine de dix ans. Une gosse. Les cheveux mi-longs, bruns foncés, un visage angélique mais des yeux sombres. Cette gamine m’avait conquis dès les premiers mots qu’elle avait prononcés, dès le premier : « bonjour Monsieur ». Sa petite voix timide m’avait mis sous le charme. Mais le travail dans une maison trop riche pour mes Rangers m’avait rebuté. J’ai failli dire non. C’est la femme qui m’a poussé à accepter. Elle m’a dit que je serai bien traité, qu’on ne me chercherait pas de problème. En bref, j’étais un bulldog qu’on gardait enchaîné jusqu’à ce que ça pète. La tâche me convenait faut dire. J’avais pas besoin de beaucoup plus. Juste d’un peu de blé pour m’acheter à boire.

Au départ, ma relation avec la gamine se résumait à l’emmener à l’école, venir la rechercher, l’emmener à ses cours de musique, la rechercher et faire attention qu’il ne lui arrive rien. La fille avait beau m’avoir conquis, la bouteille me ravageait encore le cerveau. J’étais franchement un connard pour tout le monde, disant à peine « bonjour » le matin et « bonsoir » au moment de regagner ma chambre. J’étais là pour faire mon taf point barre. Et mon salut ne tenait qu’à la longueur de mon CV mais mon degré d’alcoolémie m’empêcha de le réaliser. La seule qui m’aida dans l’affaire, ce fut Alma. Elle apparut comme un ange dans ma vie de déchéance. Elle a su briser la carapace que me forgeaient l’alcool et mon caractère de merde. Par des petites attentions auxquelles seul un cœur d’ange peut penser, elle m’a aidé à sortir de cette mauvaise passe. Et lorsque, tiraillé entre mes penchants pour l’auto-destruction et l’affection grandissante envers cette jeune fille, je tentai d’en finir par une balle en pleine tête, le Luger ne voulut pas tirer. La détonation se fit entendre, la balle fut crantée, mais ne quitta pas le canon. Le boucan réveilla la maisonnée et la première à arriver dans ma chambre fut la maman d’Alma. Elle me regarda, assis sur le lit à regarder mon Lüger, l’air abasourdi. Elle vit mon visage et les yeux rougis par ces larmes qui ne voulaient pas couler. Elle dit simplement une phrase que j’avais déjà entendu de la part de mon capitaine de la Légion : Une balle ne ment jamais. Puis, elle s’en alla. Je me couchai, les yeux dans le vague… Ce fut le déclic.

Cette nuit-là, je vécus une seconde naissance. Ce fut un instant magique qui constitua le prélude à une vie empreinte de bonheur. Cette renaissance qui me permit de goûter aux joies du quotidien qui apparaissent comme un carcan au dépressif. Le moindre plat me procurait une sensation de délice. J’appréciais ma vie, j’aimais Alma. Elle était la petite sœur que je n’avais jamais eue. Et à partir de ce moment, je fis autre chose que ce pour quoi on m’avait payé. Alma faisait de la natation mais ne réussissait pas à vaincre sa peur du coup de pistolet. Je l’y aidais avec mon Lüger. Combien d’après-midis avons-nous passé à nous entraîner tous les deux. Son père était aux abonnés absents et sa mère préférait les mondanités … Je me retrouvai seul avec la petite et je ne m’en plaignais pas. Nous nous aidions mutuellement à nous épanouir. Elle remporta son premier championnat de natation en mars 2006. Pour nous deux, ce fut un moment de pure joie. Une apothéose.

Le 13 avril 2006, Alma fêta mes vingt-six ans. Ce fut un des plus beaux jours de ma vie. Elle avait convié son grand-père et ses parents. Elle m’offrit deux choses ce jour-là : un Smith And Wesson Russian N°03 et une photo d’elle signée par elle. Le grand-père avait un sourire complice et une bague au doigt qui m’était étrangement familière. Ce jour-là, le spectre de l’alcool avait complètement quitté Alceo Carigano, devenu enfin un homme heureux de vivre.
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MessageSujet: Re: Journal   Journal Icon_minitime1Jeu 3 Avr - 23:09

Une vie de bonheur ne dure jamais longtemps. L'arrêt brutal de cette innocence prit place un 20 avril 2005, un mercredi. J'accompagnai Alma à son cours de violon. Je l'attendais tranquillement dans la voiture, bercé par les grincements qui sortaient de son archet lorsque, environ deux minutes avant la fin du cours, une voiture de police se mit en travers de la route, interdisant le passage à quiconque. De l'autre côté arriva une voiture "civile". Elle se gara en face de la porte du "Professeur". Je sortis de l'enveloppe protectrice de tôle, pistolets au poing, prêt à m'expliquer calmement. Quatre types sont sortis de la bagnole banale.

La porte de bois s'ouvrit.
L'un d'eux se jeta sur la petite.
La porte se referma.
L'Enfer se déchaîna.

Les balles quittèrent le chargeur les unes après les autres, mécaniquement, accomplissant l'oeuvre de leur mécanique. Les éclats de lumière du canon semblaient autant d'explosions à chacune desquelles une chandelle vacillante de vie était définitivement soufflée. Deux des hommes tombèrent. Le percuteur s'abattit à nouveau. Un troisième fut touché et s'effondra à son tour. Deux condés sortirent de leur patrouilleuse et firent un geste brusque vers leur arme. Le temps sembla se ralentir et je me souviens n'avoir plus vu qu'eux ... Qu'eux qui bougeaient leurs mains vers leurs armes. Le temps d'un battement de coeur et je tournai mes règles-comptes. Le temps d'un second battement et mes doigts chatouillèrent la détente. Les uniformes azurs se teintèrent d'écarlate.

Le vide se fit soudain en moi. J'avais l'impression de me sentir dénué de tout réflexe. Je portai le regard à ma poitrine. J'avais un trou au côté droit. Ce trous emblait m'aspirer de toute vie, comme l'aurait fait un trou noir de la lumière. Dans ma chute, une autre cavité s'ouvrit en moi. La vie fut aspirée. Ma tête se vida de toute pensée en peu de temps. C'est alors que je la vis. Alma avait repoussé les boiseries finement ciselées et hurlait de colère. Je la voyais pleurer. Elle courut vers moi. Je voulus la chasser, je lui hurlai de s'en aller le plus loin possible, le plus vite possible. Mais ma voix se perdit dans le lointain, trop faible, trop essoufflée, trop désincarnée. Une forme sombre se dressa devant moi, je voulus relever la tête et hurler ma rage. Un éclair de lumière. Puis un second. Et un autre encore. Puis le noir total.

Ce qui suit immédiatement dans ma mémoire ... C'est incertain. Presque comme un rêve. Je nageais dans un océan noir. Noir de douleur, noir de haine et de pleurs. Je n'avais usage d'aucun de mes sens. Chacun de mes nerfs me tançait. J'avais mal. C'est tout.

Puis, au lieu d'un grand flou noir, je voyais dorénavant un grand flou lumineux et blanc. Blanc comme la chambre dans laquelle je repris le sens de la vue, blanc comme les draps qui excitèrent en premier mon toucher mais dans cette candeur, il y avait aussi le sang, le rouge des tuyaux qui couraient tout autour de moi. La signification du temps ne me revenait que par le clignotement métronomique des deux points de l'horloge numérique, fixée sur le mur face à mon lit. Puis, ce fut la mémoire qui me revint. Par flashs aveuglants : des tirs, Alma, d'autres tirs, l'homme qui l'enlevait, des cris ...
Les larmes d'Alma

J'hurlai.

On me dit plus tard que je revins le 17 mai 2005 au bercail, tout juste remis et frais comme un gardon. Je me souviendrai toujours du moment où j'ai à nouveau franchi le pas de la porte. Je vis dans le regard de ces pluri-millionnaires toute la honte, la colère et la pitié qu'ils ressentaient à mon égard. Mon échec était flagrant: Alma avait été enlevé. Seul le grand-père me dit que j'avais fait mon devoir, que j'en avais eu quatre. Chiffre confirmé par les quatres policiers en costume qui étaient là. Juan, le père d'Alma, me dit qu'il avait déjà payé deux rançons et que les ravisseurs devaient rappeler "dans la journée" pour dire où récupérer la petite, ce qui expliquait la présence de condés et de matériel d'enregistrement. Quant à la maîtresse de maison, elle avait maigri et son corps devenu frêle reflétait son chagrin. La journée s'écoula, longue et monotone jusqu'à cet instant où le téléphone sonna.
Juan décrocha, l'enregistrement numérique commença son ouvrage. Une voix métallique s'éleva.
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MessageSujet: Re: Journal   Journal Icon_minitime1Mer 30 Juil - 20:38

" Bonsoir messieurs-dames. "

Aucun accent dans sa voix. Je me souviendrai toujours du regard décomposé de la mère lorsqu'elle entendit la voix du ravisseur de la chair de sa chair. Le père tentait de rester impassible. Seul l'enregistreur numérique continuait imperturbable sa besogne. Me focalisant sur la voix, j'ai remarqué un truc étrange. Aucun accent, rien. Un anglais parfait. Ni accent british, ni celui de la Rust Belt, que dalle. On dirait un type qui a appris à l'école.

" Je vois que le bon samaritain est rentré à la maison ... Pourrais-je lui parler. "

Il voulait ouvrir les hostilités en commençant par le maillon le plus exposé. Logique. J'aurais voulu obtenir quelque chose de la famille, je briserai d'abord celui qui a vu la fille en dernier histoire de bien préparer le terrain. Tout respirait une logique matérialiste. Ou presque ... Pourquoi n'avait-t-il pas demandé le policier qui m'a retrouvé ? Lorsque je pris le combiné, il enchaîna de suite.

" Monsieur le bon samaritain. Je dois vous féliciter pour votre performance digne de tous les éloges. Vous fûtes un ennemi remarquable qui indexa sensiblement la courbe de mes pertes et profits, me forçant à changer mes plans. "

Le ton semblait sincère quoiqu'une légère pointe d'ironie glaciale perçait dans la voix. Je ne pouvais savoir ce qu'il voulait ... Au moment où mes lèvres s'articulaient pour former des sons probablement meurtriers et emplis de mépris, il coupa court à mes pensées et reprit:

" Je voulais en effet que cela soit vous qui l'annonciez à la famille. Je n'ai plus la fille: j'ai trouvé où l'insérer dans un marché plus lucratif. "

Là, ça m'frappe sévèrement. Il a vendu Alma, comme un objet ... Comme une denrée lui permettant de rentabiliser une opération... Sa phrase résonna longuement dans ma tête. Une vague glaciale s'abattit sur moi, manquant de me tétaniser tout à fait. Je pris bien soin de choisir mes mots et d'articuler les premières paroles qu'il entendrait de ma bouche...

" Je vous laisse vingt-quatre heures pour retrouver l'enfant et téléphoner à nouveau à ce numéro. "

Le froid qui m'enserrait jusqu'à présent s'étendit sur l'ensemble de la maison. Les policiers me regardaient d'un oeil sombre, il s'en fallait de très peu pour qu'ils ne m'arrachent le téléphone. La mère avait dépassé le stade du désespoir, seul le grand-père avait esquissé un sourire. C'était très léger mais suffisant pour que le message me parvienne. Fort de ce soutien muet, je continuai :

" Car dans vingt-quatre heures ... Je me mettrai en chasse. Je deviendrai un prédateur qui mettra en application des techniques complexes acquises au cours d'un long apprentissage. Croyez-moi sur parole: je vous traquerai, je vous trouverai ... "

Le silence se fit. Ce fut étrange, comme si j'avais coupé la chique à mon interlocuteur mystérieux. Celui qui ne m'avait même pas donné son nom. Conscient d'avoir atteint le point de non-retour, je lâchai:

" Et je vous tuerai. "

Je raccrochai aussi sec et regardai l'heure: 21H00 précises. Il nous avait dicté sa loi. A mon tour de lui faire comprendre que je ne le laisserai pas me briser sans combattre. La tourmente emporta la maisonnée mais me laissa en paix: tandis que tout le monde tempêtait, je rejoignais sans un mot ma chambre et m'allongeais sur le lit. Bien sûr, je ne me faisais aucune illusion sur le sort de la petite. Ca aidait ma tête à rester froide. Imaginer le pire pour pouvoir agir en conséquence. Le sommeil me prit sans appel jusqu'à 09H00 le lendemain matin. 12H00 de sommeil récupératrices pour mon corps ... mais destructrices au possible pour mon esprit. Au réveil, je n'étais plus qu'un noyau de haine pure. La colère irradiait de chacune de mes fibres, corrodant cette enveloppe de tendresse qu'Alma avait patiemment façonné. Il ne me restait rien. Je passais toute la journée assis sur mon lit, revolver à ma droite, armes blanches à ma gauche. Dans mes mains se tenait la seule relique que m'avait jamais offerte Alma: une photo d'elle. Elle détestait se voir dans les photos d'identité mais adorait les photos truquées et les montages. J'avais pris ça pour une lubie lorsqu'elle m'a donné cette petite photo d'elle qui est la seule chose qui me reste de ma petite avec ... mon revolver.

Cette photo qu'elle avait signé de sa main si délicate ...



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Journal Almaly3

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Les minutes passaient, identiques à elles-mêmes. Puis, elles se changeaient en heures. Dix vies passèrent alors que je restais assis là, à regarder ce morceau de papier, assis sur mon vieux lit. De la journée, je ne reçus aucune visite. Je bondissais chaque fois que j'entendais le téléphone sonner mais la même déception accueillit chacune de mes espérances. Le fils de pute ne se manifestait pas.

20H54 Toujours rien. La soif de sang commençait à reprendre le dessus. Les prémices de la chasse infiltrèrent leurs sensations en moi. Bientôt, je me perdis: était-ce pour moi que j'allais bientôt me mettre en chasse ou était-ce en mémoire de la douce et délicate Alma.

20H56 Aucun coup de téléphone. Mon palpitant commence à me faire mal et à tambouriner comme un dingue contre mes tempes. Mon propre sang me rend fou. Intérieurement, le serpent de feu me dévore l'estomac. Bordel, ... Les secondes s'égrennent trop lentement.


20H59 Je me répétais une promesse déjà faite qui revenait sans cesse comme un leitmotiv entêtant: je vous traquerai, je vous retrouverai et je vous tuerai. Cette phrase revenait sans cesse et m'obsédait. Les battements de mon coeur s'étaient calqués sur l'égrenage des secondes à la pendule. Jamais une minute me parut aussi longue.


21H00 Je me mis debout à l'instant même où l'horloge sonna le premier des neuf coups fatidiques. Mon cuir posa à nouveau son poids sur mes épaules, le Smith And Wesson retrouva sa tanière, kukri et balisong revinrent retrouver leurs logements. Au moment de lasser mes Rangers, une excitation malsaine s'infiltra de plus en plus en moi: la traque allait débuter. Pour une gosse, j'allais passer nombre de quartiers de la ville au purificateur.

Ni père, ni mère, ce fut le grand-père que je croisai sur le chemin de la sortie. Ses yeux tristes hésitaient encore. D'une voix chevrotante, il s'adressa à moi:


" Tu vas la chercher ? "

Je considérai sur le moment cet homme sans âge dans son fauteuil roulant. La haine suintait de toutes ses pores. Il s'agissait plus d'une haine dirigée contre lui-même, contre son âge, contre le fait de n'avoir plus usage de ses jambes. Cette rage, je la fis mienne dans l'instant et j'avais la ferme intention de la libérer dans un déferlement de haine. Je lui répondis d'un ferme hochement de tête, aucune parole sensée ne pouvant sortir de ma putain de bouche. Peut-être qu'il me prenait jusque là pour un beau-parleur... Toujours est-il qu'il s'agissait bien de larmes que je vis perler à son visage lorsqu'il releva les yeux vers moi et qu'il me dit simplement:

" Vas-y, fils, ... Vas-y. "

A nouveau, je hochai la tête en signe d'adieu. Je ne sais pas même si je pus lui murmurer un faible "merci". Sans un regard en arrière, je sortis de la maison qui avait été mon foyer pendant cette courte période de bonheur. Il ne me manquait maintenant qu'une chose...

Des informations.

Et je savais où commencer pour les obtenir. La police me dirait bien qui était au volant de cette fameuse patrouilleuse numéro 23. Ainsi, je saurai où est cette personne ... Qui aura peut-être quelque chose sur le coeur ... Une envie de se confier ... Et à moi ... elle voudra me parler ... En fait, il n'y a aucune raison pour me faire des cachotteries. Ou alors, ce serait vraiment le goût de taquiner.

Rajustant mon cuir, je m'enfonçais dans Tijuana. Le soleil venait de se coucher et dans le crépuscule écarlate, je crus discerner le visage angélique d'Alma.
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MessageSujet: Re: Journal   Journal Icon_minitime1Jeu 28 Aoû - 2:42

Marcher la nuit dans Tijuana me procura la certitude qu'Alma m'échapperait à jamais. Plus je pensais à elle et plus m'apparaissait l'image de sa photo, occultant tout autre souvenir: ses yeux, ses deux petits iris délicatement ouvragés, cédaient progressivement la place à deux fentes d'ébène si expressives. Sa longue chevelure soyeuse qui voletait si doucement au vent devenait cette masse noire envoûtante. Elle devenait inhumaine... Un souvenir ... Bientôt un rayon de soleil dans le cauchemar de l'existence.

Les cris et les divagations des exaltés emplissaient l'oxygène de ma route et couraient sur les crépis moribonds de maisons depuis longtemps hors d'âge. La misère suintait des pores de la ville. La nuit était claire mais mon humeur obscurcissait mon environnement, l'entournant d'un hâle noirâtre, impénétrable. Un voile de brouillard qui déformait toute réalité, enfermant mes pas dans un micro-monde... Me condamnant à sortir déjà de cette trame de réalité dans laquelle vit la plupart des anonymes de toute grande cité. Seuls les désaxés constituaient mes compagnons d'infortune pour la nuit.

" Bats le fer lorsqu'il est chaud ! Bats le fer lorsqu'il est chaud ! Bats le fer lorsqu'il est chaud ! BATS LE FER ... ! "

Ce proverbe venu tout droit de la Vieille Europe se rappelait à moi juste à mon arrivée devant le commissariat. Ce froid bâtiment de verre et d'acier allait retrouver sa vocation première en cette soirée. Le premier maillon de la chaîne qui me mènerait à Alma, la première pierre de l'édifice de la nouvelle justice. Les pensées s'entrechoquaient dans ma tête. Il me fallait retrouver ces flics de la patrouilleuse 23... Il me fallait retrouver cette putain de bagnole, savoir qui était sur la place au moment où tout s'était joué. Les deux fentes d'Alma me revinrent en mémoire ... Il me fallait la retrouver, les faire payer, les faire tous payer. Jusqu'au dernier. Jusqu'à la fin. A ce moment, je me croyais revenu dans un de ces putains de films américains où le justicier solitaire allait agir envers et contre tous. Mais à ce moment, je savais ce qui me différenciait d'eux. Je n'étais pas un justicier, encore moins un vengeur aveugle. J'étais Alceo. L'homme qui avait été chargé de veiller sur Alma, celui qui avait échoué. Mais dans ma chute, je n'allais pas tomber seul.

Le bâtiment se dressait fièrement, mi-figue mi-raisin, comme s'il hésitait encore à m'inviter à l'intérieur où à m'avertir de la peine qui m'attendait. J'entrai donc dans ce bâtiment au luxe insolent, dans ce bâtiment aux néons allumés vingt-quatre heures sur vintg-quatre tandis que nombre de Tijuanais auraient vendu père et mère pour sortir de la crasse dans laquelle ils étaient embourbés.

Au commissariat, partagé entre hostilité et indifférence, l'attitude des condés ne m'augurait rien de bon. J'avais travaillé des deux côtés du milieu. Plus que tout autre, je savais que rares étaient les gens de vocation, les gens qui avaient choisi la justice parce qu'ils y croyaient. Mais je savais qu'une seule de ces personnes pouvait tout changer dans le cours de cette soirée. Cette personne, je la trouvais dans un bureau anonyme parmi tant d'autres. Alors que la standardiste m'avait fait patienter le temps qu'un officier puisse se libérer, des cris se firent entendre de ce bureau au seul chiffre ''103''. Saisissant des bribes d'information, je compris que l'officier était au téléphone.

J'entrai donc dans le bureau, m'asseyant en vis-à-vis. Le laissant finir sa conversation. Il avait l'air surpris mais n'a curieusement esquissé aucun geste hostile. D'un geste lent, il repose le combiné, comme s'il souhaitait retarder le moment d'établir ce contact entre lui et moi. Dans le même geste que lui, je déposais également un objet sur son bureau. Un objet assez fin, léger, fixé à l'écrou, mat. Mon balisong qui était resté dans ma manche et rescapé de la fouille. De l'autre main, je fouillais dans ma poche et lui sortit deux choses: une coupure de journal du 21 avril 2005 et la fameuse photo de la petite. Il sembla enfin me reconnaître.

La discussion s'engagea.

En sortant du commissariat. Je me promis une chose. Jamais cet agent ne serait inquiété. Jamais on ne pourrait lui reprocher ce qu'il m'a révélé ce soir. En mémoire d'Alma, je remerciais cet honnête flic. C'était pas une balance. Il m'avait juste révélé que la patrouilleuse 23 n'était pas de service cette après-midi du 20 avril 2005. Il m'avait tout révélé après la simple mention de cet appel ... de cette voix qui avait vendu Alma pour une raison de "pertes et profits". Cette gamine innocente...

Sans un sourire, sans une cigarette, sans un gramme d'alcool, mais lesté à nouveau de mes règles-comptes, je me dirigeai vers le Night-Club du Star Spangled Night, là où se trouvait la patrouilleuse en début d'après-midi. J'allais avoir besoin de l'explication du patron sur ses horaires d'ouverture en journée. Le flic m'avait prévenu: c'était pas le genre d'endroit fréquentable lorsqu'on se trouvait en bonne compagnie ... Surtout lorsqu'on a l'habitude de porter un uniforme de police.

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