La galerie Estaras

Je suis à nouveau dans cette voiture aux vitres teintés. Pas très rassurante mais je sais au moins où je vais maintenant. Mes souvenirs sont encore très frais et je me rappelle avoir saisi quelques bribes de conversation entre deux hommes d'O'Sullivan. Sur une galerie d'art. Je ne suis pas aussi naïve qu'on pourrait le croire et je suis presque sûre que cette discussion n'était pas toute innocente. Mais lorsqu'on me prend par les sentiments ... Je ne peux pas résister à tout ce qui est activités culturelles. Et cela me semblait une bonne occasion. Alors, j'ai sauté dessus et demandé à ses deux hommes si il était possible de m'emmener.

Aussitôt dit, aussitôt fait. Cela fait maintenant une bonne dizaine de minutes que je suis dans la voiture silencieuse accompagnée de deux hommes pas plus bavards. J'ai pu finalement acheter des vêtements plus potables que les miens. C'est dans une petite robe noire simple mais élégante que je me rends à la réception que donne la propriétaire de la galerie. Je ferais sûrement un peu tâche à côté du monde huppé qui se hâte dans le milieu de l'art. Mais tant pis, je viens plus pour apprécier l'endroit que pour faire la conversation même si je n'aurais rien contre le fait de rencontrer de nouvelles personnes.

Nous sommes enfin arrivés. Descendant à la suite de l'homme en noir, j'observe la beauté du lieu. L'homme en question me sort de ma contemplation pour me faire quelques recommandations et me dire que lui et son collègue reste dans les parages. Je m'en doute bien, je suis même étonnée qu'il ne reste pas sur mes talons mais j'en suis rassurée en même temps. Je rentre donc dans la somptueuse galerie et commence à explorer les lieux. Il n'y a pas encore beaucoup de monde mais c'est bien assez pour moi.

Les invitations avaient été envoyées....

Le soir de l'exposition d'ouverture de la galerie...

Erato retouche une dernière fois son maquillage discret...le buffet est en place...regard approbateur du reflet: un peu mondaine, cette longue robe noire Prada, mais elle sait qu'elle met en valeur son corps sculpté par la pratique de la danse...la première rencontre avec l'avant-scène de Dépra, ça vaut la peine, non?...Quelle heure il est?....Merde, le champagne!....descente des marches de deux en deux jusqu'au rez-de-chaussée, dernière vérification des bouteilles et des petits fours...remontée des marches...ha, les voilà!...elle chausse ses Pucciverdi à talon fin, puis redescend pour accueillir les convives: officiels et autres respectables citoyens. Elle remet un cadre en place.

"J'espère qu'ils aiment l'art contemporain argentin.."

Le téléphone de Leo se met à vibrer.

Citation :

Bonsoir Monsieur Atkins.
J'ai de nouvelles informations qui seraient susceptibles de vous intéresser. Ainsi que quelque chose à vous proposer. Je vous attendrais dans votre bureau.
Cordialement,
Van Evenheim.

Une fois la photo faites, je part dans l'idée de m'attarder encore un peu quand je vois débarquer Jude, discrèt et très sobre dans son habit de chauffeur.
Il vient me prévenir que Van Evenheim me donne rendez-vous dans mon bureau, je crois que je ne vais pas le faire attendre davantage.
Après tout, je n'ai rien à faire ici, et la photo pourra déjà prouver de ma présence.

Mettant ma canne dans les mains de mon chauffeur, je me rhabille tranquillement, je ne voudrais pas avoir l'air de partir comme un voleur. Une fois mes gants passé, mon manteau réajusté et ma canne récupérée, je suis Jude jusqu'à la voiture et monte à l'arrière.
La porte claque derrière moi, et le moteur ne met pas longtemps à démarrer.

Je suis curieux de savoir ce que Valentin peut bien avoir à me dire. Celaf fait quelques mois que nous ne nous sommes pas entretenus, et j'espère que ces nouvelles ne sont pas torp mauvaises.
J'apprécie plutôt cet homme, il me semble franc et droit, et je pense qu'il l'est. Peut-être le seul homme franc et droit qu'il reste dans cette ville...


>>Le Bureau du Maire

Alors que le maire s'engouffre dans sa voiture, il naît déjà dans l'esprit du Puma de le rappeler.Elle laissera passer quelques jours, peut-être même une semaine avant de le recontacter et de lui faire part de son projet.
Elle reporte son attention sur les invités qui slaloment entre les pièces de Kardo Kosta.Elle prend une gorgée de champagne avant de traverser la pièce.

"Los rakos", désigne t-elle à un homme planté devant les sculptures.

"Ce sont des symboles de protection", ajoute t-elle, un sourire subtilement moqueur aux lèvres.Quoi de plus naturel quand on s'installe ici.

Elle poursuit les salutations des convives jusqu'à cette jeune femme vêtue d'une élégante robe noire arrêtée devant plusieurs acryliques sur toile. Elle ne ressemble pas à une américaine.

"Toutes ces créatures imaginaires font référence au Paradis, au regard porté sur soi et aux éléments de la vie....minimaliste et contrasté...une prose enfantine, un univers haut en couleur qui questionne les agissements du temps.Ignacio Carrasco...et je suis Erato Andolini-Perron, mademoiselle..?"

Elle la détaille de haut en bas et de bas en haut très rapidement.