Par les écrans, elle voyait très bien la jolie jeune femme qui faisait les cents pas devant sa porte et s'étirait le cou pour voir à l'intérieur des murs.
Elle se tenait prête à décrocher quand le téléphone relié à la grille sonna.
Elle souriait, détaillant en zoomant le corps souple de la jeune femme, mais surtout, la qualité de sa longue cape, la beauté de son visage à la peau pâle, l'originalité de sa chevelure disparate. Et la façon qu'elle avait de répondre, son corps de se tendre, prêt à l'attaque.
Elle décida de voir ce dont elle était capable. À force de voir défiler des filles devant elle, elle avait appris à reconnaître les uniques au monde et les autres. Les uniques n'étaient pas toujours parfaites, parfois même belles. Mais quand l'une de celles-la l'était...
Elle déverrouilla la grille, attendit que la jeune femme fut rentrée pour la refermer puis sortit de la salle de contrôle, la porte se verrouillant automatiquement derrière elle.
Elle descendit au rez-de-chaussée et alla ouvrir la porte à Annabel, la laissant entrer dans le hall déjà décoré pour l'halloween, donnant l'impression, au vu des taches sanglantes sur les murs et des toiles agrémentées d'immenses silhouettes d'araignées noires, de faux cocons géants et de vêtements ensanglantés, que les arachnides dévoraient les imprudents s'attardant trop longtemps.
"Je vous passe tout de suite. Montrez moi ce que vous avez comme vêtements, qu'on les foute en l'air."
Vexée, Annabel déballa ses habits, d'onéreux dessous de dentelle noire composée d'une guêpière, d'un string, de jarretelles, d'un vaporeux déshabillé ouvert assorti et d'escarpins à lanières noirs. Madrigal les considéra d'un air dédaigneux.
"On dirait que vous avez acheté ça en solde, et ça doit être le cas. Rangez moi ces chiffons sans style, et venez avec moi. Avant tout, je vous envoie prendre une douche. D'après moi, la dernière ne remonte pas à hier."
"Avant hier!"
"Ça aurait dû être ce matin. Venez, nous allons dans une chambre; je vais demander à Madame Bénédictine de vous monter un nécessaire de bain et des habits plus seyants."
Madrigal lui tourna le dos et s'avança vers les ascenseurs, laissant à la jeune femme le soin de la suivre.