[L'orage : première partie] Des nuages menaçants

A Dépracity, on ne peut pas faire deux pâtés de maisons sans tomber sur un bas. Celui-là fait dans le style country le plus glauque. Je suis sur place depuis une bonne heure, assis avec mon whisky à une table contre le mur. J'aspire avec dégout la purée de pois enfumée, parfumée de sueur, de dégueulis, de sang et d'alcool... J'apprend à connaître ce parfum. Ce sera celui qui environnera les jours à venir, je crois...

Le mec s'assoit à côté de moi de manière soudaine. Dans ce genre de bar, il pourrait aussi bien me loger une balle, personne ne se plaindrait. Mais non, le mec me regarde dans les yeux. Je déteste déjà son visage de fouine... Je genre de gueule qui vous donne envie de lui coller une châtaigne. Il est bourré de tocs, c'est insupportable... Le genre de mec surexcité qui vous stresse rien que par sa présence.

"Salut, pourvoyeur!"

Le mec poursuit avec un ricanement excité, triomphant du fait qu'il m'a découvert...

"Tu as beaucoup d'ennemi hein? Pourvoyeur? Hein? C'est dans ce genre de cas qu'on a besoin d'ami, n'est-ce pas?
-Qu'est ce que tu veux?
-De l'argent. Pour ma came. J'en ai besoin là... Mais en échange, je t'aide. ça te va?
-J'ai plus un rond, connard. Tout ce que j'ai piqué est directement allé dans les entrepôts de la DEA. barre toi, maintenant."

Je reste calme bien que l'envie de le tuer me prend aux couilles comme une sacrée envie de tirer ta crampe face à une pute bulgare... Lui, par contre, craque. Il me sort une lame devant le nez d'un coup.

"Alors peut-être que je ferais mieux de te buter, hein? Pour toucher la prime! Qu'est ce que tu dis de ça, monsieur le pourvoyeur, hein?
-Adieu, connard."

Le Five Seven crache une balle à travers le tablier de bois de la table. Cette petite masse de plomb lancée à quelques 650m/secondes vient se loger dans l'abdomen de ma cible qui s'écroule en râlant. C'est le problème d'utiliser ce genre de petit calibre... avec un .45 le mec serait mort. Mais là, il a juste un trou. Surtout que la table a beaucoup freiné la munition. Je me lève tranquillement de ma table, pointe le flingue sur la tête de chacal de mon interlocuteur et presse la détente. ça fout du sang partout, mais qu'est ce que je m'en fous....

Ceci étant, il est temps de quitter l'endroit. Si ce pouilleux a pu me mettre la main dessus, sûr que des mecs autrement plus dangereux savent aussi où je suis.