[l’orage partie trois] Des éclairs déchirent la nuit noire.

Je gare la moto dans l’allée de mon pavillon. Putain, les tueurs m’ont retrouvés… là, je suis dans la merde… Et ça veut aussi dire qu’à coup sûr, il y en a chez moi, n’attendant que le fait que je rentrer pour m’abattre. Ou alors ils sont dehors et m’ont déjà dans leur ligne de mire… Oh merde… Je descends vite fait de la moto, attrape la mallette et vais me mettre entre le mur du garage et la palissade. L’espace est trop réduit pour que les mecs aient un ligne de tir dessus… Encore que je ne parierais pas dessus…
Le benelli vient trouver sa place dans mon dos quand la MP5 s’installe dans mes mains… On rentre, c’est nécessaire. Mais par derrière, c’est plus sûr.

Le jardin derrière est une espèce de déchèterie à laquelle je n’ai jamais essayé de donner du mieux. C’est moche, autant que ça le reste. Je vais pas me faire chier à arranger ce lieu…

Cette maison est à l’image de ma vie d’aujourd’hui : une ruine, des planches branlantes laissant voir la pourriture de ce qu’est la banlieue américaine moyenne aujourd’hui : un ramassis de ratés qui n’ont pas réussi à retourner assez vite en ville…et qui maintenant sont bloqués dans des maisons qui ont perdu moitié de leur valeur mais qui leur coûte toujours aussi cher à rembourser. Pour eux, la seule façon de quitter ce lieu, c’est de se faire expulser par l’huissier…
Dire que je fais parti de ces gens aujourd’hui…

La porte n’a pas été forcée, c’est déjà une chose. Ceci dit, je laisse toujours cette porte ouverte, y’a rien à voler à l’intérieur. La porte se laisse ouvrir tranquillement, j’entre la MP5 au poing, la sécurité s’abaisse… Il n’y a pas des masses de pièces, le tour sera vite fait : living, vide, cuisine : j’en viens, WC ? Ok. La chambre est vide aussi… donc personne ? Je pousse un soupir de soulagement. Ce n’est pas encore aujourd’hui qu’une bande de tueurs assoiffés de sang viendra m’abattre dans mon chez moi…
Le téléphone sonne… J’avance pour aller décrocher.

Y’a un poing rouge sur le sol, à dix centimètres du téléphone… Oh merde… Je coupe la lumière, débranche le téléphone… Putain, mais quel con, pourquoi je viens de faire ça ? Maintenant ils savent que je sais qu’ils sont là… Mais heureusement, je sais qu’ils savent que je sais qu’il sont là…

Changement d’arme : la MP5 n’est plus vraiment adaptée à l’environnement… le benelli est bien mieux en intérieur… La porte éclate soudain sous un coup de pied, je ne réfléchis pas, je vide une charge de chevrotine, fauchant un de mes agresseurs, je tire une deuxième charge sur le mec juste derrière mais le corps encore en train de tomber de son pote prend le plus gros, mais je le blesse gravement au visage… Faut que je me barre, vite !

La porte de derrière… Un autre homme rentre, je décharge mon fusil mais le loupe… Je me jette dans la porte de derrière dont la vitre éclate sous mon poids… La réception manque de classe, mais j’ai pas l’entraînement pour tenter un roulé-boulé…

Une balle me frôle : mon ennemi vide ses chargeurs de UZI pour essayer de me toucher, je réplique d’une nouvelle charge de chevrotine. L’homme se planque derrière un mur. Faut que je dégage. La ruelle, la moto, les gaz… ça c’est un bon plan. Je cours vers ma bécane quand je vois un mec en plein milieu de la rue… Avec son fusil à lunette – une Steyr Scout Tactical – je sais de suite qui il est. Et je vais pas me gêner pour l’aligner, je vide ma dernière charge de chevrotine dans son ventre, il tombe en hurlant… Changement d’arme, j’ai pas le temps de recharger et l’environnement à changer…

MP5 sous le bras, je mets le contact et démarre, j’entends des coups de feu derrière moi mais aucune balle ne me touche… Putain, ça pue à mort !