Hendermann's Steel Company

Une tour de verre du centre ville. L'une des nombreuses du quartier. En soit, elle n'a pas d'allure particulière, rien n'en fait un bâtiment d'intéret dans cette rue. Mais pour moi, il est important.

Si je veux que Javian gagne tôt ou tard son poste de maire, il faut que j'élimine le soutien à son opposant principal. Mais si je fais ça à l'ancienne, un flingue à la main, ça ferait tâche, surtout sur la réputation de Javian. J'ai donc opté pour la solution diplomatique.
Comme mes recherches l'ont montré, derrière chaque soutien officiel, il y a deux ou trois soutiens officieux, économiques. Faire sauter l'ensemble un par un me prendrait des mois. Mais la solution et en fait fort simple. Il suffit de voir l'ensemble comme une toile d'araignée dont le candidat est le centre. Les soutiens officiels sont les flis qui trattachent le centre à la première couronne, et ainsi de suite. Si on veut isoler le centre, il suffit de trancher au bon endroit.

la Hendermann's Steel Company est une société de production et vente de pièce en acier usiné. Des meubles, par exemple. Le genre de truc qui a réussit à survivre à la crise de la ceinture de la rouille.
Avec une clientèle aisée, quelques usines et la griffe d'un artiste réputé, sa société tient le choc. On dit que le Président Bush s'est fait commander un ensemble pour son bureau. ça doit être classe entre le mobilier XIXème, les tables à pieds gondoler et les chaises en forme de suppositoire.

Bref. J'ai obtenu un rendez vous avec le patron, Mister Greymour. origine anglaise, très anciennement implanté dans le pays - on retrouve ses premiers ancêtres aux côtés des insurgés de la guerre d'Indépendance. Le genre de mec qui doit voir encore d'un mauvais oeil que les irlandais exilés puisse avoir une importance dans ce pays. Mais moi aussi, mes origines sont anciennes et glorieuses.

J'entre dans le hall et me présente à l'accueil. On me redirige vers le secrétariat du directeur, dernier étage. La vue doit être belle de là-haut...
Le "ting" de l'ascenceur me signale que je suis arrivé. Je descend et me présente devant une femme d'âge moyen sans charme. Au moins un patrron qui ne baise pas sa secrétaire. Ou qui a des goûts bizarres. Je me présente de nouveau, d'un ton assez froid. Je ne suis pas un pauvre type venu pour une embauche. je suis le taulier venu débaucher son patron. On m'introduit donc chez Greymour, qui est en train de lire un rapport. Il ne quitte pas son fauteuil quand j'entre, ne lève qu'à peine les yeux. L'ambiance est posée.

Le mec quitte enfin son rapport. Il ne m'invite pas à m'assoire. pas question de rester comme un con debout, alors je pose mon cul tout de même sur un fauteuil.

"Vous devez être O'Sullivan."

Pas de "monsieur"? Ce mec me chie dessus par caisses de briques entières! Il cherche quoi? Il veut mourir en martyr de la cause républicaine contre l'opression du crime organisé? Il se moque de ma gueule? Les Républicains sont notre premier soutien dans ce pays!

"En effet. Je suppose que vous savez de quoi je suis venu vous parler?"

Le mec se penche sur la table, dressant face à mon visage un index qui se veut menaçant.

"Oui, je le sais, vos babouins m'ont déjà fait perdre assez de temps avec ça! Vous voulez que je lâche mon poulain dans les élections du comté au poste de leader du parti républicain. Tout ça pour un arriviste étranger provenant de je ne sais quelle ancienne république soviétique. Je vais vous dire, Sullivan! Je ne lâcherai pas mon poulain. Et pourquoi? Parce que ce n'est pas aujourd'hui qu'un cochon d'Irlandais de mon cul en vague affaire avec une mafia moribonde si ce n'est inexistante va me dicter mes choix! j'ai bien été clair?
-Très clair, monsieur Greymour. Limpide, je dirais même."

Je me lève tranquillement.

"Vous m'avez montré que vous ne savez pas du tout à qui vous avez affaire. j'en déduit que vous êtes un con, comme la grande majorité des fils de Godons trop dégénérés pour éviter de disparaître...
Je vous donne douze heures pour annoncer le retrait de votre soutien à votre "poulain". Après, le cochon va vous bouffer les feuilles de choux que vous portez en guise d'appareil auriculaires. Vous êtes prévenus. Et ne pensez pas que ce ne sont que des mots. je ne perdrais pas de temps à parler à un crétin consanguin comme vous pour rien."

D'un calme royal alors que le sang bout en moi, je quitte le lieu. Dans l'ascenceur, j'attrape mon téléphone. Il y a une caméra... Tant pis, j'appelerai après. Tiens... un appel en absence.

"Allo, Jenny, vous avez essayé de me joindre?
-Oui, patron, quelqu'un pour vous, je vous le passe."

L'ascenceur arrive au rez de chaussée, j'en descends et me dirige vers la sortie.

Je sors du building, mon correspondant me répond.

" One Shot. [court silence] J'ai à vous parler. Dans une heure aux friches industrielles, devant l'ancienne décharge. J'y serai avec une connaissance mutuelle. Venez accompagné d'une personne si vous le désirez. "

Je m'arrête sur le haut des escaliers. Pas parce que c'est One shot à l'appareil et que je comprend assez peu ce qu'il veut. Pas seulement... En bas des escaliers, y'a deux gros costauds et l'un m'a désigné lorsque je suis sorti. ça, c'est les gros bras du parti...

"Très bien, j'y serai."

Ou pas, mais ce n'est pas mon problème pour l'instant. je referme mon téléphone et le range dans ma poche, puis descends les quelques marches. Ils se mettent sur mon chemin, l'un porte sa main sur moi.

"Tu devrais t'occuper de ce qui te regarde, l'Irlandais?
-Tu as des enfants, l'abruti?"

Le mec sens la menace, il se rapporche. Couillon.

"Parce que tu ne pourras jamais plus en avoir."

Mon genoux lui écrase les couilles au même moment. J'y suis allé si fort que les pieds du mec quittent le sol. Son pote essaye de m'attraper par le col. ça sent le manque de profesionalisme. J'attrape sa main, et en une paire de pas, je le force à se coucher - sans quoi sa main serait brisée. Là, je lui colle un bon coup de tatane dans la tronche...

Les gens dans la rue me regardent bizarrement. Bah c'est pas tous les jours qu'un vieux doit foutre une trempe à deux brutes. Allez, applaudissez! Non? Tant pis.

Je mets le contact et je démarre. Je ressors mon portable.

"John? Il me faut une équipe dans la friche industrielle dans 30 minutes, avec du matériel pour couverture armée. Prenez le must de l'équipement.
-Ok patron, on y sera."

Je raccroche. Je ne sais ce que veux One Shot, mais ça ne me dit rien qui vaille...

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