379 Jackson Drive

Je sens que ce n'était pas ecaxtement la chose à faire mais comme je viens à peine de le dire, il faudra faire des efforts... des deux côtés. Je me dis donc que je devrais travailler un peu sur moi-même enfin en tous cas y penser.

Je sers les dents alors qu'il me sert dans ses bras. S'il veut être "calin" et plus que ça avec moi, il faudra que je lui dise pour ma blessure sinon ça risque d'être un vrai calvaire.

***** Plus tard *****

La journée a filé plus vite que je ne l'aurai pensé et je n'ai pas fait grand chose de rès utile. J'ai surtout pensé à John et à notre semi-conversation de ce midi et aussi à ma mission de ce soir, mission à laquelle je suis pile prête.

Je vérifie mes armes, j'aurai peut-être dû en acheter d'autres mais à quoi bon, j'aime travailler léger. Je jette un coup d'oeil à la maison, tout est en ordre, je sors la porte et je file au rendez-vous.

Riviera >> Docks (côté Est) >> Nuit de merde² - Pas loin de la jetée

Un bel endroit, ce Downtown, toujours en proie à une agitation des plus malsaines, je me dirige dans ce havre de paradis pour les bookmakers vers la loge de la gamine. La mustang peine. Ca m'énerve. Vraiment. Faudrait que je fasse un truc pour qu'elle tire au poil. J'irai changer quelques ièces au Muscle Garage et j'y mettrai une nouvelle plaque. Voire plusieurs, avec un système de drop'n go. Bref, rien de plus facile, on gèrera ça plus tard. Après quelques temps de recherche, la voila rendue à son domicile. Je repasserai plus tard la chercher.

" Te voila chez toi, je repasserai prendre des nouvelles. "

Ou pas. Mais j'pense pas avoir sérieusement l'intention de la laisser en plan. Disons que je vais lui laisser une dernière chance, au moins que j'ai l'impression une fois dans notre "collaboration" de ne pas traîner un boulet. Elle est gentille et tout ce qu'on veut mais si la moindre mention du taf la met dans ces états-là ... Bordel, elle n'est déjà plus bonne à rien. Et moi, j'dois carburer. J'ai encore dix trucs à faire aujourd'hui avant de penser à reprendre la traque.

Zone Industrielle > Friches industrielles > La casse automobile

Mon collègue me dépose chez moi, je lui jette un regard en signe d'ultime remerciement, sors de la voiture et claque la portière. Je regarde mon immeuble, je n'ai pas dormi ici cette nuit, ni la nuit d'avant, ce n'est pas bien de découcher, voilà ce qui arrive quand on le fait.

Je grimpe les étages, je me sens mieux, ma nausée ne me tiraille plus, pour l'instant au moins, alors je presse le pas. Arrivée à la hauteur de ma porte, je sors mes clés de ma veste trouée et ouvre la porte. Une bouffée d'air assez rance m'agresse presque, ça se sent que ça n'a pas été aéré depuis plus de quarante huit heures, j'ouvre donc les fenêtres, en grand.

En attendant, je me verse un verre, je sais, ce n'est pas génial, pas dans mon état, mais je n'ai plus la tête à rien et j'ai besoin de ce verre. Je sirote donc ce petit fond de vodka, réfléchissant encore et toujours à la situation.

Quinze minutes plus tard, j'ai les idées légèrement plus claires mais ce n'est pas encore ça. Je ferme les fenêtres et prend mon portable. Je compose ce numéro que je n'ai pas appelé depuis deux semaines ? Trois ? Je ne sais plus trop. Ca sonne, pas de réponse, je laisse un message.

"- John, c'est Sam, j'ai besoin de te voir, rapidement, aujourd'hui, tout de suite, c'est urgent, important, vraiment."

Mon ton est fatigué mais ma voix est ferme, il ne faut pas qu'il me fasse faux bond, il faut qu'il sache. Certes je n'ai pas besoin de lui pour décider, mais il faut qu'il soit au courant, ce n'est pas une chose que j'aimerai cacher.

Je repose le combiné et file sous la douche, il faut qu'il rappelle et s'il ne le fait pas et bien... je ne lui laisserais pas d'autres chances. Je me déshabille en grimaçant, enlevant un à un les vêtements de mon collègue et entre sous la douche, l'eau me délasse et ça fait même du bien à mes blessures. Il faudra que je passe à la pharmacie, prendre des analgésiques et un test.
Je suis tellement sûre de moi que je n'en ai même pas fait un, mais je doute qu'il soit négatif...

125 Hellview Street

Je ne me suis même pas demandé si elle était chez elle quand je suis partit. En même temps, je doute qu'elle m'aurait laissé un message me demandant de venir tout de suite si elle n'était pas chez elle, ou alors j'ai sous-estimé son côté joueur.

Le taxi m'arrête juste devant son immeuble, dès que j'ouvre la porte, un vent mordant me claque au visage. Je dépose ce qu'il faut dans la main du chauffeur et le regarde s'éloigner avant de me retourner vers l'immeuble. Je me demande ce qui pouvait être aussi urgent, j'espère que ce n'est rien de grave. Je me demande aussi comment je vais lui cacher mes mésaventures, moins elle en saura, mieux ça vaudra. Et en vue de ce que je me prépare à faire, ne rien lui dire c'est la mettre en sécurité. Je m'avance, emmitouflé dans ma veste et sonne à la porte.

Un grésillement de l'interphone me laisse penser qu'elle vient del e décrocher.

"Sam, c'est John. Tu m'as demandé de venir d'rugence, alors me voilà."

Une fois ma douche terminée, je fus encore prise de nausées mais je me retins, tant bien que mal, de rendre je ne sais quoi d'ailleurs, parce que je n'avais pas tellement mangé aujourd'hui, ce qui était mauvais, dans mon état.

Je fis un bandage à ma jambe, un autre à mon bras et un petit dernier à mon épaule, encore un peu et j'allais resssembler à une momie, puis je m'habillai non sans grimacer. Une fois ceci fait je descendis à la pharmacie du coin pour prendre de quoi soulager mes douleurs et aussi un... non plutôt deux tests de grossesse, on n'était jamais trop prudent.

Je remontai quelques minutes plus tard et fis face à ces deux petites boîtes qui contenaient la confirmation de mes peurs. Je réalisai les tests sans attendre, j'étais impatiente, voir légèrement irritée. Je regardai les résultats... positifs, tous les deux.

Une vague de panique m'envahit et ce fut à ce moment qu'on sonna à la porte. Je me figeai sur place, posai les tests sur le rebord du lavabo et me dirigeai vers l'interphone : c'était John. Je le fis entrer puis ouvris ma porte.

"- Salut, entre..."

Je m'effaçai pour le laisser passer et m'installai dans le canapé en face de la télévision. Il n'avait pas l'air très en forme même s'il semblait essayer de le cacher mais d'un autre côté, moi non plus.

L'humeur semble être à la fête, quand Sam m'ouvre la porte de son appartement, j'ai le sentiment que je ne vais pas du tout aimer ce qui va suivre, mais alors pas du tout. J'entre à sa suite, et ferme la porte derrière moi.
J'ai curieusement l'impression que la situation s'est un peu dégradé entre nous deux, ce qui augure encore une fois une nouvelle bien terne.

J'enlève ma veste que je dépose sur le porte-manteau, juste près de l'entrée, et vient m'asseoir à côté d'elle sur le canapé, je ne sais pas si je dois lui passer un bras autour des épaules ou me tenir à distance, elle n'a pas l'air en forme, mais je préfèrerais éviter de me prendre un mauvais coup en me tenant trop près, au final, je ne la connais que depuis quelques mois, et l'un comme l'autre avons été plutôt mystérieux sur nos affaires courantes, jusqu'à présent, je ne m'étais pas trop posé la question, mais aujourd'hui, cette mine inquiète me rappelle qu'au final on se connait à peine.

Je finit par briser le silence, qui à mon sens devient plus que pesant.

"Alors, qu'est-ce qu'il y avait de si urgent? Quelque chose ne va pas?"

Peut-être un peu abrupt, mais cette attente me mets sur les nerfs, et si elle compte me faire poireauter pendant des plombes avant de me cracher l'info, je pense que je vais vite perdre le contrôle de moi-même...

Il a l'air tendu, je ne lui veux pas, on n'a pas pu se voir souvent ces temps-ci, la passion des premiers jours est retombée et je sais qu'il me cache beaucoup de choses concernant son passé. D'un autre côté je ne suis pas en reste, j'ai juste ommis de lui dire que j'étais une tueuse professionnelle.

Il s'assoit sur le canapé et, finalement, est le premier à parler. Il me demande ce qui ne va pas, il s'inquiète, ça me fait sourire et me va droit au coeur, il s'inquiète toujours pour moi.
Je n'ai pas l'habitude de ce genre de sentiments, plus vraiment. Je me souviens quand j'ai annoncé à Marcus que j'étais enceinte de Charlotte, j'avais été plutôt mystérieuse mais mon impatience m'avais fait cracher le morceau juste après l'entrée, au dîner.

Cette fois je serais plus directe, les choses changent, et aucun de nous deux ne doit avoir le même état d'esprit que Marcus et moi ce jour-là. Ca me fait mal d'y repenser, mais ce qui est fait est fait et je ne peux plus reculer.
Je prend une de ses mains, lentement, pour ne pas le surprendre, je la tiens dans la mienne. Puis je lève les yeux vers lui, plonge mon regard dans le sien et lui annonce d'une traite.

"- Je suis enceinte."

Maitnenant que je l'ai dis je cherche désespéremment à rajouter quelque chose, une explication, une demande, n'importe quoi, mais non, je crois que ça suffit, je porte son enfant, il le sait, la balle est dans son camp et je ne romps pas le contact visuel, ni physique.

Le couperet tombe, et tout autour de moi s'effondre. Enceinte? Bon sang... C'est pas possible! C'est...
Je ne sens même plus sa main dans la mienne, bien que nos regards se croisent je ne la vois plus, je pense que mon visage doit clairement refléter mon incompréhension... Je ne sais pas quoi faire, je ne me suis jamais préparé à cette éventualité. Comment pourrais-je être père alors que je ne suis même pas sûr de l'homme que je suis? Et si j'étais un pédophile? Un meurtrier d'enfants? Un kidnappeur? Oh, merde, c'était vraiment pas le moment...

Je ne sais plus sur quel pieds danser. Ce genre de nouvelles est généralement une bonne surprise, et je ne suis pas certain que ça n'en soit pas une dans le cas présent, mais je suis tellement mort de trouille à cette idée que si il y avait de la joie quelque part elle a été définitivement éclipsée. Je n'ai jamais eu d'enfant, je ne sais pas comment réagir, ni même quoi faire pour elle. Ce qui est certain, c'est que ça nous lie forcément...

Seulement si elle le garde. Bien sûr, c'est évident, elle peut décider de s'en séparer à tous moments. Mais suis-je réellement prêt à accepter cette éventualité? Je ne sais pas! Tout ça se bouscule dans ma tête comme une mer déchaînée. Mes projets de vengeance, mon amnésie, mon enquête sur mon passé, tout ça risque d'être compromis...
Le problème est, qu'est-ce qui compte le plus pour moi? Elle, ou mon passé? Je ne sais pas...

Puis la réalité me rattrape, et les yeux de Sam réapparaisse, la chaleur de sa main envahit à nouveau la mienne. Au fond de ses splendides yeux verts je cherche une réponse à mes questions, mais elle semble en chercher autant dans mon regard. Est-ce à moi que revient la responsabilité de décider si elle doit le garder ou non? En a-t-elle seulement envie? Toutes ces question, il faut que je les lui pose. Nous nous cachons trop de choses, mais dans cette situation, je crois qu'il vaut mieux pour nous deux que nous soyons très clairs.

Je retrouve enfin l'usage de mes cordes vocales, ma première envie est de hurler. de frustration, de désespoir, de colère même peut-être. Mais je n'en fais rien, ça n'arrangerait probablement rien, et je doute que cela me calme. J'ai l'impression de m'enfoncer dans le canapé, vers un abîme de désespoir. Finalement, je pose la première question, d'une voix tremblante.

"Mais... Euh... Tu... Enfin, j'veux dire... On est bien sûr qu'il est de moi?"

Probablement que oui, elle ne m'en aurait pas parlé sinon, du moins je ne pense pas.
Je me rends compte que je sers sa main bien trop fort, elle ne doit plus sentir ses doigts la pauvre. Je ne suis pas préparé à être père, mais l'idée me séduit néanmoins. Si seulement la situation avait été différente, le choix aurait été plus vite fait.
Après tout, à l'âge que je suis normalement censé avoir, avoir un bébé est une étape normale, voir même inévitable. Pourquoi je ne suis pas sûr de m'en réjouir?

Je sens qu'il est paniqué, je le vois dans son regard et à travers sa main qui sert de plus en plus la mienne. Je ne sais pas si c'était une bonne idéeb de lui dire, je ne suis même pas encore sûre de garder cet enfant, mais le spectre de Charlotte plâne toujours sur moi. Serait-ce une trahison ? Avoir un autre enfant alors que j'ai déjà perdu ma fille ? Ou un renouveau peut-être ? Une nouvelle chance ? Je n'en sais rien. Je sais juste que pour l'instant cet être grandit en moi et que je dois tout faire pour éclaircir les choses avant que ça ne soit trop tard, il n'y a rien de pire qu'un enfant non désiré.

"- J'en suis sûre."

Ca répond à sa question, qui me paraît en même temps brutale et légitime. Après tout j'ai bien fait un écart non ? Mais s'il n'était pas si proche, cet écart avec mon collègue, j'aurai pu me poser des questions mais là non, c'est impossible, c'est forcément l'enfant de John. Je peux toujours lui proposer un test de paternité, mais je ne préfère pas, je suis sûre de moi, je veux qu'il soit sûr de lui aussi.

"- Je suis... désolée, ça tombe très mal. Pour nous deux je suppose pas uniquement pour moi... mais..."

Mais quoi ? Comment lui expliquer qu'en tant que pro dans une branche ni clean, ni simple et encore moins sans dangers, les enfants sont mals vus. Déjà en tant que flic Charlotte en a fait les frais alors maintenant ?!

"- Il faut qu'on joue franc jeu John... je ne veux pas revivre ce que j'ai vécu avec Charlotte, rien que d'en parler ça me met les larmes aux yeux mais je ne le montre pas, ou du moins j'essaie, s'il y a bien une chose qui est incompatible avec un enfant c'est mon boulot... et ton passé. Il faut qu'on en parle."

Je ne sais pas si ce que je lui demande est clair, je ne suis même pas sûre d'être claire avec moi-même mais tout ça arrive tellement vite que je ne sais même plus ce que je pense.

Je ne sais décidément pas quoi lui dire. Tout ce que je sais, c'est que je ne suis pas prêt à porter la responsabilité d'un enfant, mais je suis certain d'être opposé à l'avortement, cette pratique me hérisse le poil dès qu'elle est mentionnée. On pourra me traiter de d'abruti de conservateur, rien à foutre, une fois que la graine est plantée hors de question de la déraciner.

Comment j'ai pu être négligent à ce point? A croire que perdre la mémoire m'a rendu con aussi. Maintenant que j'y pense, la première fois, on n'a même pas pensé à se protéger, mais alors pas une seconde, en tout cas pour ma part.

"De quoi veux-tu qu'on parle? Je ne sais pas qui je suis, je ne sais pas où je vais, tout ce que je sais, c'est que j'aurais des ennuis un jour où l'autre, et que je risque fort d'y rester le jour où ça arrivera."

C'est vrai quoi, merde! Comment je peux savoir, moi? Ma vie se résume à quelques mois d'existence et tout ce que je sais, c'est que j'ai l'un des gangs les plus dangereux de la ville collé au cul et qu'on m'a injecté une saleté qui est probablement à l'origine de mon amnésie. Je crois pas avoir beaucoup de réponses jusqu'à maintenant! C'est sûr, ce gosse est pas le bienvenu, mais je suis pas pour autant du genre à me défausser de mes responsabilité, alors si je dois devenir père, même si je suis pas trop chaud, bah, je deviendrai père...

"Tout ce que je peux te dire, c'est que je t'abandonnerai pas, si c'est ce qui te fait peur. Je ne te garanti pas d'être une figure paternelle très fiable, ni même d'être une personne très saine à mettre à la portée d'un enfant, mais si je dois avoir des responsabilités dans cette affaire, je les prendrai. Tu peux me faire confiance."

Je prends sur moi de lui prendre l'autre main, et de les serrer doucement entre les miennes, j'arrive même à sourire. C'est vrai, ça à beau me terrifier à un point que je ne puisse décrire correctement, je ne me défausserai pas, ce n'est pas dans mes habitudes...
Enfin, pour autant que j'ai des habitudes...

Qu'il aura des ennuis. Ca j'avais déjà cru le comprendre vu ses cachotteries et sa mine déconfite. Qu'est-ce que je dois dire moi alors ? Si lui a des ennuis juste en étant amnésique, moi j'ai des ennuis rien qu'en respirant.

Mais ce qu'il me dit ensuite me réchauffe le coeur, il ne fait une seule allusion à un éventuel avortement, il ne semble même pas vouloir en parler, il est prêt à assumer les conséquences de nos actes... le suis-je ?

Néanmoins je lève les yeux vers lui, les ayant baissés quelques secondes me demandant comment il allait réagir, et souris un peu.

"- Merci John..."

Je ne sais pas vraiment quoi rajouter d'autre alors je soupire légèrement et je lâche sa main, ayant commencé à la serrer un peu trop fort.
Je pense à cet enfant et pour la première me projette dans l'avenir anticipant ses premiers cris, ses premiers sourires, ses premiers pas.

Je secoue lentement la tête, et Charlotte dans tout ça ?
Mes idées sont sombres et joyeuses à la fois : un enfant c'est une bénédiction mais celui-là me donne un amer goût de "substitut".
Je chasse ces idées.

"- Merci d'être passé... Désolée de pas t'avoir vu beaucoup ces temps-ci mais j'ai pas mal de boulot."

C'est un peu brutal comme fin mais je ne sais pas encore où j'en suis alors je ne veux pas me lancer dans de grands discours, cet enfant me fait encore pas mal peur et je n'ai toujours pas pris ma décision, ça me l'effet d'une trahison... plus j'y pense.

"- Tu veux quelque chose à boire... désolée j'ai pas vraiment le temps de faire la cuisine, j'ai des affaires assez gênantes à régler."

C'est le cas le dire... Il faut que je recontacte Alceo et fissa... avant qu'il ne commence sans moi.

Message édité le 04.12

Je ne sais pas vraiment comment réagir. Après la peur, l'inquiétude, la négation et un soupçon de colère contre moi-même, je me sens étrangement vidé. Comme si je n'avais plus aucun sentiment disponibles...
Et en même temps, je me sens particulièrement fatigué. Peut-être un contre-coup du stress, probablement des derniers événements aussi, après avoir tenu toute une journée de torture, ça paraîtrait presque normal que je sois fatigué.

Je me doute que pour Sam le choix est aussi dur que pour moi, surtout qu'elle n'a pas la barrière traditionnelle que j'ai, qui l'empêcherait de penser à l'avortement. Je ne peux pas lui en vouloir, après tout, elle est encore la mieux placé pour prendre une décision, c'est elle qui va souffrir le plus, quelque part. Je sais aussi que son passé la hante, et que cette nouvelle ne fait que ramener à la surface des souvenirs de sa fille, elle doit penser qu'elle l'abandonne, qu'elle tire un trait sur tout ça.
Pourtant, rien ne l'empêche de continuer à chercher, de continuer de se battre pour retrouver sa fille. Elle peut compter sur moi pour l'aider, mais c'est devenu une habitude pour elle de ne pas tout dévoiler.

Je suis pratiquement certain qu'il y a encore beaucoup de choses qu'elle ne m'a pas dites, tout comme il y a plusieurs choses que je ne lui ai pas dites, et que je ne lui dirais probablement pas.
Au final, c'est elle qui décidera de notre avenir à tous les deux. je ne pourrais pas abandonner cet enfant s'il venait au monde, tout comme je ne pourrais pas abandonner sa mère.
Et pourtant...
Ne serait-ce pas la meilleure chose à faire? Si je m'en allait maintenant, personne ne pourrait jamais faire de rapprochement avec elle. Elle serait parfaitement hors de danger.

Je ne sais pas... Je ne suis pas sûr d'avoir envie de me séparer d'elle. Elle m'a en quelque sorte sauvé la vie.

Mais alors que je me perds en pensées, sa voix me ramène à la réalité, une voix chaude et douce, qui me fait pour un temps oublier mes inquiétudes. Elle a décidé de laisser tomber le sujet du bébé pour l'instant, ce n'est peut-être pas une mauvaise chose.
Cela me rappelle qu'il va falloir que j'aille plaider ma cause auprès de mes patrons. Ce jour de congé improvisé ne sera pas à leur goût, et je ne peux pas me permettre de me faire virer.

Elle me propose quelque chose à boire, mais je n'ai pas très soif, et il va falloir que j'y aille. Et puis, elle semble elle aussi avoir des choses à régler, autant la laisser les régler seule.

"Non, merci, je n'ai pas soif. Il va falloir que j'y aille, bientôt l'heure de bosser."

Une expression embarrassée sur le visage, je me lève, et rajuste ma veste. Avant de lui déposer un baiser sur les lèvres. Qui dure peut-être un peu plus longtemps qu'il ne devrait. Mais après tout, ça fait longtemps que je ne l'ai pas vue.

"Je sais que tu as du travail, et j'aurais probablement aussi plusieurs choses urgentes à régler dans les prochains, jours, voir les prochaines semaines. Il est possible qu'on ne se voit plus pour quelques temps...
Mais il te suffit de m'appeler, et j'accours. C'est promis."

Un sourire rassurant, et me voilà faisant demi-tour et ouvrant la porte d'entrée. Un dernier regard en arrière, et je referme la porte derrière moi...
La vie prend parfois un tournant bien inattendu.

Je le sens qui se débat avec ses pensées mais les miennes sont tout aussi embrouillées, un silence s'installe entre nous mais il est rompu par sa réponse. Il doit partir et même si j'aurais peut-être aimé qu'ilreste un peu, ça m'arrange quand même, en tous cas vis à vis de mon collègue qui a du partir à la chasse au indices depuis belle lurette.

Il se lève, remet sa veste et je me lève aussi non sans grimacer, on avance ensemble vers la porte puis il se retourne vers moi et effleure mes lèvres d'un baiser chaste mais appuyé.

Puis il part. Et je reste quelques instants à regarder la porte fermée par laquelle il est parti puis je me pose la main sur mon ventre et je baisse les yeux.

"- Je ne sais pas encore quoi faire de toi que tu me causes déjà des problèmes." Dis-je pour elle-même vu que personne n'est là.

La deuxième chose à faire n'est pas plus simple, appeler mon travail pour me justifier d'une manière ou d'une autre et essayer de grapiller un ou deux jours en posant un congé maladie.

*****

Le lendemain il est déjà dix heures mais je suis prête à sortir et à aller fouiner du côté de Amstrong Street pour éclaircir les choses.
Hier la journée s'est mieux terminée qu'elle n'avait commencé. Après le départ de John j'ai appelé mon boulot et le patron n'avait pas l'air très énervé, il m'accorda trois jours de congés, plus que je ne l'aurais espéré et ne posa pas trop de questions.
Ensuite j'étais passée à la pharmacie, prendre des médocs en adéquation avec mon état et aussi pour soigner mes blessures. Résultat, quasiment plus de nausées, aucun vomissement depuis hier soir et surtout ma blessure à la jambe qui cicatrice mieux et plus vite.
Enfin j'ai mangé un repas consistant préparé par moi-même et je me suis couchée pour me lever à sept heures du matin.

Depuis cette heure matinale, j'ai étudié les possibilités et quelques plans, me suis remémorée ce qui s'était passé pendant ce contrat on ne peut plus chaotique et j'ai élaboré, plus ou moins en tous cas, un plan d'attaque.

Je prend mon P99 et mon Glock, jette un dernier coup d'oeil dans mon appartement puis referme la porte et descend dans la rue. Le froid ambiant mort durement les endroits de ma peau qui ne sont pas couverts par des vêtements à savoir juste le visage vu que j'ai prévu le reste. Je compte y aller à pied, ayant laissé la voiture aux Docks.

Amstrong Street, number 9