379 Jackson Drive

Sam Curtis a écrit:: "- Pur ou tonic ?"

-Pur, s'il te plaît...

Sam Curtis a écrit:: "- Tu en as eu pour ton argent à ce que je vois..."

Si j'en ai eu pour mon argent? la formulation est un peu bizarre, si là elle m'annonce que c'est une prostitué et que je vais devoir payer, je crois que j'éclate...
Mais visiblement c'était juste une constatation visant à me faire comprendre qu'elle savait ce qu'elle faisait...

-J'en avais déjà plus que ce que je pouvais espérer avec le café de tout à l'heure.

C'était vrai. Jamais je n'aurais cru que ça irai aussi loin, en même temps, ce moment magique passé en sa compagnie était des plus agréables...

Sam Curtis a écrit:: "- C'est des escalopes à la milanaise, c'est un classique. Je sais que tu ne connais pas mais je te fais la surprise."

-Je te fais confiance... Manger autre chose que de la nourriture en boîte ou de la nourriture de resto, ça me changera un peu...

Je retourne dans la cuisine pour lui servir son alcohol et reviens pour le lui tendre. Je m'asseois à côté de lui, posant une main sur sa cuisse, me demandant à quoi il pensait à cet instant.

"- Je crois que j'en avais déjà plus que je ne pouvais espérer rien qu'avec la chanson." Dis-je les yeux dans le vague.

C'est vrai que cette chanson m'a troublée bien plus que je n'aurais voulu l'admettre, surtout devant lui, surtout à ce moment-là.
Je retourne à la cuisine à la dérobée. J'ai l'impression que l'effervescence de la soirée est retombée et qu'il est déjà temps de faire le bilan.

Je remue la viande, verse les pâtes et soudain, appuie mes mains sur le comptoir.
*Bon sang Sam, tu sais bien que n'as pas de place pour un homme, ou qui que ce soit d'ailleurs, dans ta vie, surtout à long terme. Il faut que tu lui dises avant qu'il se fasse des illusions, qu'il s'accroche à toi. Tu n'as pas le droit de lui faire ça, il n'a pas mérité de souffrir.*
Je sens la tristesse s'insinuer en moi. Je ne peux pas lui dire ça... comme ça.

J'accepte avec gratitude le verre qu'elle me tend. Elle s'assied à côté de moi, a main se pose sur ma cuisse, presque comme un geste machinal...
Maintenant que j'ai un peu retrouvé mes esprit, je me rappelle que je ne sais néanmoins pas grand chose de Sam.
Oui, j'ai couché avec elle, et je soupçonne n'importe quel homme normalement constitué d'avoir fait pareil dans cette situation...

Comment savoir si elle ne joue pas comem elle à joué tout à l'heure?
Cette idée ne me plaît pas... Je n'aime pas la penser aussi froide et calculatrice, ce n'est pas la respecter que la voir ainsi...

Je n'ai pas l'intention de lui demander une relation stable, ou quoi que ce soit, son amitié me suffira... Les moments d'égarement comme celui qui s'est produit ce soir ne doivent pas forcément entacher des amitiés naissantes...

Je me fais des illusions, s'il y a bien quelque chose qui bousille tout c'est ce genre de situation...

Quoi qu'il en soit, je ne peux pas résolument envisager une vie de couple tant que je n'aurais pas fait la lumière sur mon passé. Qui sait ce qui m'a mis dans cet état ou qui... Je ne voudrais pas qu'elle ai à subir les conséquences de ce que j'ai pu être avant...
Si je suis amnésique, c'est pour une bonne raison. Le dragon tatoué récemment sur ma poitrine prouve que l'amnésie n'est pas naturelle, le fait que mes souvenirs me soient interdits par une réaction aussi violentes que celle que j'ai eu à la boîte n'est certainement pas nautrelle non plus...

Sam est repartie dans la cuisine, alors que j'étais plongé dans mes pensées...
D'un certain côté, j'espère qu'elle saura se détacher de moi d'elle-même... J'aurais trop de mal à lui dire que je ne peux pas vivre librement avec elle...
Je ne peux pas me résoudre à lui faire ça...

Je laisse le vide se faire dans ma tête, je respire pronfondément, ça va aller, ce n'est pas la première fois, ce n'est pas la dernière fois non plus.
Je surveille les pâtes, évite de penser à John et c'est Charlotte qui commence à remplir mes pensées.
*Oh bravo d'un problème à... un autre problème, encore plus dur à supporter.*

Je verse la sauce sur les pâtes fraîchement sorties de la casserole, ajoute la viande et repense en même temps à ma vision. Jusque là rien d'autre ne m'a permit d'en savoir plus et ça commence à me frustrer. Mais je ne contrôle rien, encore une fois.

Je reviens dans le salon et pose les deux assiettes sur la table, il n'a le temps de rien dire que je m'éclipse encore, rapportant les verres et les couverts.
Je m'installe sur la chaise sur laquelle je m'étais assise plus tôt dans la soirée et attend qu'il en fasse de même, à côté de moi.

"- Bon appétit."

Mais je n'ai plus très faim. Charlotte a complètement masqué ma faim, et ma tristesse vis à vis de John ne fait qu'accentuer le vide que je ressens. *Suis-je vraiment condamnée à vivre ça jusqu'à la fin de mes jours ?!*
J'espérais bien que non, un jour je retrouverai ma fille et je vivrais une vie normale...
Mon appétit n'est pas revenu et même les mensonges ne marchent plus...

Elle n'a pas vraiment l'air dans son assiette quand elle les rapporte justement. Son sourire s'est évanoui, et ses traits semblent tristes. Elle essaye de le cacher comme elle peut, mais c'est trop tard...

Elle m'invite à manger, avec un "Bon appétit", mais je vois qu'elle n'est plus vraiment disposée...
Je ne sais pas ce qui la tracasse, peut-être elle aussi a-t-elle réfléchie...

L'ambiance retombe, après ce si bon moment, je ne veux pas retrouver la tension de début de soirée...

Je repose mon assiette. Mes bras viennent entourer ses épaules, et je la presse contre moi.

-Qu'est-ce qui ne va pas Sam?

Et dire que je voulais mettre de la distance entre nous... Je suis mal parti, et puis de toute façon, je ne m'en sens pas vraiment capable...
Je crosi vraiment avoir des sentiments pour elle, même si c'est complètement idiot de penser ça après seulement une nuit... je me fais certainement des idées...

Je vois qu'il a remarqué ma mélancolie. *Et merde, deviendrais-je aussi nulle que ça pour cacher mes sentiments. Je ne vais pas faire long feu en tant que tueuse à gages si c'est le cas.*

Il m'entoure de ses épaules et sur le coup, je n'ai qu'une envie, c'est de laisser aller mes pleurs mais je me retiens, pour Charlotte. Si même sa mère baisse les bras et se laisse aller, elle risque de ne jamais retrouver la chaleur d'un foyer où qu'elle puis être...

"- Tout... et rien à la fois..."

Pour quelqu'un qui ne pleure pas pour un rien, j'ai bien envie de sangloter dans ses bras, comme tout humain normal le ferait à ma place, mais pas moi, je ne suis plus "normale" depuis un moment déjà.

La vérité, bien plus terrifiante qu'initialement, c'est que j'ai peur de perdre John, comme j'ai déjà perdu Charlotte. C'est dingue de penser cela après une seule soirée, un resto et une partie de jambes en l'air. Je ne sais même pas ce que je ressens tellement c'est flou dans ma tête et ailleurs...

"- Charlotte, ma fille, elle me manque. Plus aujourd'hui que n'importe quand."

Je ne mens qu'à moitié. Pour chasser mes idées noires concernant John, c'est sur Charlotte que j'ai reporté mon attention.

"- J'ai peur pour toi John..."

Je n'arrive pas à croire les mots qui sont sortis de ma bouche, je n'aurais jamais dû lui dire ça. Comment pourrais-je me défiler si seulement il devine les sentiments naissants que j'éprouve à son égard...

"- Enfin pas pour toi, pour... pour..."

C'est généralement dans ce genre de situations critiques et cruciales que les mots vous manquent.

Dans mes bras elle est tendue, a du mal à se laisser aller... J'ai du mal à comprendre se revirement soudain... En fait, non, je n'ai pas tellement de mal, puisque ce n'est pas loin de mon propre état...

Sam Curtis a écrit:: "- Charlotte, ma fille, elle me manque. Plus aujourd'hui que n'importe quand."

C'est donc ça... C'est en partie ma faute, je l'ai obligé à se souvenir, on ne réoublie pas facilement des choses qu'on a mis longtemps à oublier...
Moi et ma quête de vérité, j'ai l'impression que plus je veux la dévoiler, plus les gens autour de moi se mettent en danger...

Je suis un égoïste, qui ne pense qu'à sa petite personne! De quel droit puis-je exiger des réponses honnêtes des autres, alors que je rechigne à être honnête moi-même?
Je crois que si monexistence d'avant était misérable, celle-ci est loin d'être réussie...

Sam Curtis a écrit:: "- J'ai peur pour toi John..."

La phrase à l'effet d'un incendie intérieur, elle me réchauffe, mais me terrifie à la fois...
Si elle s'inquiète pour moi, elle risquerait de vouloir me sauver la vie si jamais ça tourne mal, elle pourrait peut-être mourir, et cela, jamais je ne me le pardonnerai...
Il faut que je sois dur.

Le l'attrape par les deux bras, ferme, tout en reste doux. Mon ton est un peu dur, mais je veux qu'elle comprenne, qu'elle ne dois surtout pas se mêler de mes affaires, pas parce que ja me gêne, mais parce que ce que je risque de trouver pourrait lui être fatal, pourrait nous être fatal à tous les deux...

-Ecoute moi, Sam... Je ne veux pas que tu te fasse de souci pour moi. Jamais. Je ne veux pas te mêler à mon problème, j'ai eu tort de te demandé ton aide ce soir...
Personne ne peut m'aider, c'est une aventure que je dois mener seul. Je ne suis même pas sûr que tu sois en sécurité en ce moment-même, s'il t'arrivais quelque chose...

Ma phrase reste en suspend... Ne pas arriver à discerner ces sentiments, à mettre un nom dessus... Je relâche mon étreinte... Attendant sa réaction.
Histoire de faire passer la pillule, je propose mon aide...

-Je peux t'aider à retrouver ta fille, si tu le désire... Je suis prêt à le faire.
Mais je ne peux résolument pas te mettre en danger alors que...

Alors que quoi? Que je t'aime? C'est ce que j'allais dire? C'est ridicule... Je suis à ce point niais... Et pourtant, j'ai bien l'impression que c'est le cas...
Merde! Dans quoi j'ai été assez stupide pour me fourrer?
Et si jamais je découvre que j'ai une femme et des enfants? Si jamais j'ai toute une famille qui m'attend, quelque part?

Saloperie de mémoire!

*Raaah !!*
Tout s'embrouille dans ma tête, je ne sais plus quoi lui dire, la vérité ou les mensonges ? Le faire partir ? L'oublier ? Ou le mêler à ma vie tant bien que mal ? Essayer de le garder en vie et faire un bout de chemin ensemble, chacun combattant ses démons ?

Je ne sais plus, j'ai déjà perdu ma famille, les gens que j'aime ont une fâcheuse tendance, soit à mourir jeune, soit à s'éloigner.

La vérité c'est que je n'aurais jamais dû lui raconter quoi que ce soit et jamais je n'aurais dû le forcer à me parler de lui non plus. On aurait juste dû boire un verre et coucher ensemble comme je l'avais prévu, comme je le fais toujours : ne pas s'attacher, aucun problème.

C'est à ce moment là qu'il commence son petit discours : il ne veut pas qu'il m'arrive quelques chose, il a peur de ce qu'il peut découvrir.
Un rire nerveux éclate dans la pièce, c'est le mien.

"- Crois-moi, de nous deux celui qui a le plus à craindre l'autre, c'est toi. Et je sais TRES bien ce que je dis alors que toi tu ne fais que te baser sur des suppositions douteuses."

Sérieusement, s'il savait ! Mais je ne peux me résoudre à lui dire, j'ai trop peur qu'il parte... pire qu'il me dénonce. Je sais qu'il est sincère en voulant m'aider mais il est sûrement à mille lieues de penser que je suis une meutrière.

"- Si je n'ai pas retrouvée Charlotte en trois ans, ce n'est pas toi, qui n'y connaît rien qui pourra m'aider." Dis-je sèchement.

Je suis peut-être un peu dure mais je n'ai aucune envie qu'il se mêle de mes affaires, surtout que de mon côté, c'est vraiment dangereux.

"- Tu ne comprends pas je crois. Tu pourrais être un criminel ou un tueur, ça m'est égal, j'ai trop vécu pour avoir peur de ça et je sais me défendre contre ce genre d'imprévus."

C'est vrai. Si je voulais, si je me doutais de quoi que ce soit le concernant ou si je découvrais qu'il voulait me nuire, il serait abattu de sang froid, si je voulais...

A l'entendre parler, elle a déjà vécu les pires atrocités, elle est devenue forte et dangereuse... Moi, tout ce que je vois, ce n'est qu'une mère désemparée et seule, qui tente de retrouver sa fille par tous les moyens...

Elle me remet à ma place, celle de l'amnésique, celui qui ne sait rien, qui n'est rien. Elle croit que je me base sur des suppositions, mais c'est totalement faux, certaines choses ne trompent pas, j'étais un homme dangereux autrefois, je côtoyait forcément d'autres gens dangereux...

Elle n'a même pas remarqué le tatouage, pourtant elle m'a vu nu, il était là, sur mon pectoral droit, pas très grand, c'est vrai, mais visible tout de même...

Je ne sais plus quoi penser, j'ai terriblement envie d'être avec elle, de continuer à l'embrasser, à la toucher.
Mais elle se ferme totalement, elle me montre un visage qu'elle m'avait caché, celui d'une femme qui ne s'attache pas...

Je finis par parler, et sens une rancoeur à peine dissimulée dans ma voix.

-Tu as raison... Je n'y connaît rien. J'ai eu tort de te proposer mon aide, tu n'as pas l'air d'en avoir besoin.
J'ai fait l'erreur de croire que je pouvais être utile à quelque chose...

Je me lève, prêt à partir. Les escalopes à la milanaise n'ont même pas été entamées...
Je n'ai pas envie de partir, mais la colère est sur le point de l'emporter... Je sais que si je pars, je risque de la perdre.
C'est bien la seule idée qui me retienne, qui m'enpêche de faire un pas vers la sortie...

Je vois bien que je l'ai blessé, que je suis allée trop loin. Mais est-ce un mal qu'il parte et m'oublie ? Pourrais-je le retenir alors que je crois dur comme fer qu'il ne ferait que risquer sa vie avec moi ?

Je le vois changer de couleur, ses yeux bleus sont devenus plus ternes, ses joues ont pali et son ton me montre qu'il m'en veut.
Je détourne le regard. Ca vaut mieux pour tout le monde.

Une voiture s'arrête juste en dessous de ma fenêtre, je l'entend car elle a mis sa musique à fond.

You think you know all about me
'cause you spent the night, ha,
Yeah right, not quite
You think you're the one to tame me
I'm your mothers worse nightmere
An out of control freak
Just wait and see

I'm bad for you, I'll hurt your pride
I'll put a whole in your heart ten foot wide
I make you feel like you wanna die
Even I'd run from me if I could
I'm bad for you
And that's good

I'm a killer with a conscience
So I'm warning you watch what you do
Think before you try my patience
I'm an emotional time bomb
A virtual melt down
Yes it's true

[...]

You know I got a good side too
And I could do some good for you
But I'm bad for you I'll skin your hide
What your left with you wont recognise
If you run away now you'd be wise
Even I'd run from me if I could

J'ai l'impression que c'est presque fait exprès, *la chanson est faite pour moi non ? Où est la caméra cachée ?* Je soupire.

Sa dernière phrase me fait du mal mais je ne le montre pas. Je ne préfère pas lui laisser entrevoir que j'aimerais qu'il reste mais que la vie que je mène ne me le permet pas.

"- Je suis désolée John."

Mes yeux brillent, mais plus par malice ou par jeu mais parce que les larmes sont au bord de mes cils et je les retiens comme je peux. Ma colère m'a quitté et ma joie aussi. Tout mon corps se languit déjà de lui mais mon esprit reste ferme : je ne lui demanderais pas de rester, ni de partir.
Ca m'évite de déchirants adieux, c'est lâche je sais, mais s'il décide de partir de lui-même, je ne pourrais pas me raccrocher à quelque chose, il aura choisi de s'en aller...

Je n'ai toujours pas bougé d'un cil... Mes machoîres se contractent et se décontractent à toute vitesse, faisant bouger mes zigomatiques à une allure impressionnante.
La musique qui arrive par la fenêtre, le fait lentement tourner la tête vers Sam au fur et à mesure des paroles, mon regard doit être assassin, mais j'aimerais qu'il ne le soit plus.
Elle a connu trop de souffrance pour que j'en rajoute... Et j'ai besoin de quelqu'un à qui me raccrocher... Si je la perds elle, je sombre dans la folie...

Elle est désolée... Mais elle ne me retiendra pas. Elle n'a pas envie de faire ce choix. Elle me le laisse.
Je souris intérieurement... Joueuse... Même quand elle ne le veut pas.
Je suis désolé Sam, oui, pardonne-moi...

Je la rejoins, à mi-chemin entre la table et le canapée. Je prends son visage entre mes mains et l'embrasse. En l'espace d'une nuit, elle est devenue tout pour moi, qui n'avait plus rien.
Je vais rester auprès d'elle, et veiller sur elle, de loin s'il le faut...
Mais je serais là pour elle, toujours...

-Je suis désolé Sam... Pardonne-moi...

Je sens mon coeur se briser en mille morceaux et j'ai aussi mal que si je marchais sur, justement, du verre brisé mais je reste stoïque sans broncher. J'attends son verdict. Il réfléchit, je le sais, à force j'ai remarqué comment il fonctionne.

Tête baissée, les yeux soudainement très intéressés par mon parquet, je ne remarque même pas qu'il s'avance vers moi. Ce sont seulement ses mains sur mon visage qui redonnent de la vie à mes joues. J'ai à peine le temps de relever les yeux vers lui qu'il m'embrasse, doucement, effleurant à peine mes lèvres froides.

Je le regarde, ses yeux bleus me disent quelque chose, je le sais, mais je ne comprend pas, je refuse de faire cet effort.
Il me parle, s'excuse. je devrais en faire autant mais je n'en ai pas la force, pas ce soir.

Je me blottis juste contre lui, sans un mot, ma tête repose sur son épaule, mes bras sont autour de son cou. J'essaie de réguler ma respiration pour me calmer et reprendre le contrôle de mes émotions.
Une larme coule sur ma joue, elle s'écrase par terre et je ferme les yeux.

Le silence résonnerai presque dans la pièce, la tension presque palpable la seconde d'avant, se relâche, les respirations se font plus calmes.

Je la serre dans mes bras avec passion, le contact de son corps sur le mien me fait frémir, j'en ai la chair de poule. Son souffle dans mon cou est grisant. Cette sensation de ne plus être seul, d'avoir un point d'amarrage, ce lien qui me manquait avec le monde réel.

Ma main vient caresser ces cheveux, rouges, soyeux, agréables. La querelle est oubliée, pour moi en tout cas. Tout ce que je veux, c'est être auprès d'elle, pouvoir être là pour elle.

Mon ventre s'est mis à refaire des siennes, si la faim est revenue, c'est que tout va mieux...
J'espère que je ne suis pas le seul à me sentir mieux. Si elle ne se sent pas bien, je ne peux pas me sentir bien...

Je respire doucement pendant de longs instants. Je me laisse faire je me détend auprès de lui. C'est seulement au bout de plusieurs minutes que je retrouve un semblant de bonne humeur.
Je romps l'étreinte et me recule d'un pas.

"- On devrait manger, ça va refroidir."

Je ne pète pas encore le feu mais ça va déjà mieux, grâce à lui, à son souffle chaud et à ses bras qui m'ont entouré
Je me rassois sur ma chaise et attend qu'il en fasse autant puis je commence à manger. Pendant un moment, on n'a rien à se dire, mais ça viendra, petit à petit, on apprendra à faire avec, combattant nos vieux démons.

"- Tu trouves ça comment ?"

Je parlais de la nourriture évidemment. Si ça se trouve il n'aime pas la cuisine italienne ou pire y est allergique. Mais de sa part, plus rien ne métonnerait.
Je souris un peu à ma propre pensée et lève le nez de mon assiette.

Il compte pour moi... beaucoup.

Elle finit par desserrer son étreinte. Elle semble encore un peu secouée, mais je pense que ça va mieux... J'espère que ça va mieux.

On s'asseoit à table, elle commence à manger, je l'imite... Et je dois dire que c'est vraiment très, très bon...
J'avais un peu peur que ça ne passe pas, mais finalement, c'est vraiment excellent.
Le bruit des couverts est le seul qui résonne dans la pièce.
Puis elle relève la tête, pour me demander si c'est bon, j'ai déjà englouti les trois quarts de mon assiette...
Je lui réponds avec un sourire confiant.

-Je ne sais pas si les italiens préparent ce plat aussi bien que toi, mais en tout cas, c'est de loin le meilleur plat que j'ai mangé depuis mon réveil...
Tu es une excellente cuisinière...

Je la regarde dans les yeux, un petit sourire au coin des lèvres, comme lorsqu'on s'est vu la première fois ce soir, au Tangiers. Je crois qu'en cet instant, je ne voudrais être avec personne d'autre pour tout l'or du monde...

Mon sourire s'aggrandit, je suis flattée par son compliment.

"- Et bien merci, je dois dire que c'est une... passsion je crois, la cuisine je veux dire, italienne qui plus est."

Je le regarde en silence, finissant mon assiette. Il est mignon quand il mange. Surtout qu'il a de la sauce tomate sur le menton. Ca me fait d'autant plus sourire que je ne vais pas lui dire. Joueuse ? Sûrement.

Mon assiette est vide, la sienne aussi. Je ne veux pas qu'il dorme chez lui ce soir, on a eu trop d'émotions, chacun son tour, pour que je sois rassurée de le savoir déambuler dans la nuit noire.

"- Je crois qu'il est temps d'aller se coucher, je ne sais pas toi mais moi je bosse tôt demain."

Et c'était vrai. Même si mes horaires pouvaient être modulables, j'étais surtout payée à la commission, alors plus je faisais de clients, plus je gagnais d'argent. Et ce n'était pas du luxe si je voulais continuer à garder ce train de vie et surtout pouvoir me payer les quelques gadgets et autres armes indispensables à mon autre boulot.

Nos assiettes terminées, je me rend compte que j'ai de la sauce sur le menton... Me le dire, c'était pas possible?

Certain que le silence était volontaire, je décide de ne pas lui en vouloir, de toute façon il m'en faudrait plus pour lui en vouloir...

La fatigue se fais vraiment sentir c'est vrai, même si je ne commence pas le boulot avant 19h, j'ai d'autres choses à faire, et elles vont me prendre une bonne journée...
Autant être frais et dispos pour ce que j'aurais à faire.

Rien dans sa phrase ne laisse présumer qu'elle compte me jeter dehors, ce dont je lui suis reconnaissant. En même temps, avec tout ce qui s'est passé, si elle me jette dehors, alors là vraiment je n'y comprendrais plus rien...

-Tu as raison.. Je crois que nous avons eu chacun notre compte d'émotions pour la soirée... Moi aussi je dois me lever tôt...

Je me lève, et lui tend la main, geste galant pour l'aider à se lever de sa chaise...
Passer une nuit à ses côtés, même simplement dormir sera la plus grande des satisfactions...

J'accepte sa main. Ca fait plusieurs fois que je remarque sa galanterie et ma seconde idée concernant son possible métier dans sa vie passé, fait son chemin. Il a peut-être été gigolo ? Je pouffe de rire et je lâche sa main pour accélerer le mouvement.

Je me retrouve dans la chambre, à me déshabiller et à rire des bêtises que je peux penser parfois. N'empêche que... *Ah la la Sam, tu es incorrigible, toujours à t'imaginer des choses...*

"- Désolée, c'est nerveux. Je mens pour ne pas avoir à m'expliquer sur ce soudain fou rire. Installe-toi, tu commences à connaître."

Une fois prête à me coucher, avec juste une nuisette qui m'arrive à peine jusqu'aux fesses pour dormir, je m'allonge et me glisse sous les couvertures.

"- Bonne nuit John. Je..."

*Ouh la presque gaffe.*

"- Fais de beaux rêves."

Je la suis dans la chambre, elle est visiblement morte de rire... Je ne sais pas trop pourquoi.

Elle a dû voir mon regard interrogateur, car elle tente de s'expliquer. Ca doit être nerveux comme elle le dit, parce que moi je n'ai toujours pas compris...

Je me déshabille, pour la deuxième fois de la soirée, sauf que cette fois, je garde mon caleçon, et je compte bien le garder toute la nuit, je suis trop fatigué pour quoi que ce soit d'autre que dormir de toute façon.

Elle est séduisante dans sa nuisettes presque transparente et qui remonte vraiment haut... Est-ce que c'est vraiment pratique pour dormir?

Je me couche à ses côtés, passant un bras pardessus son épaule dans un geste protecteur naturel.
Elle allait rajouter quelque chose d'autre après le bonne nuit, mais s'interrompt pour le remplacer par un simple "fais de beaux rêves".

Je lui glisse à l'oreille.

-Toi aussi, Sam, toi aussi...

Je souris, dos à lui, son bras autour de moi. Je me sens bien, sereine, pour la première fois depuis un bon moment. Je ferme les yeux et m'endors presque aussitôt, je suis morte de fatigue.

**************

"- Il sept heures et demie et vous êtes en train d'écouter Radio Depra qui-"

Dans un geste de la main, j'éteins le radio réveil d'un coup sec. Je suis crevée, je n'ai vraiment pas beaucoup dormi. Encore allongée, je me remémore les évènements de la veille et me souviens à qui appartient la main au niveau de ma taille.

Je regarde John, il dors encore et je préfèrerais ne pas le réveiller. Je me glisse doucement du lit, repoussant délicatement son bras et je me dirigie vers la porte qui est restée entrouverte.

Je file dans la salle de bain où une douche bien chaude va m'attendre. L'eau bouillante délit quelques unes de mes douleurs musculaires et je sors puis me sèche rapidement.

Je me regarde dans le miroir, des cernes aussi gros que des marrons mais j'ai déjà vu pire et je sais comment les camoufler.
Je suis nue en train de me sécher les cheveux quand j'entend du bruit, je suppose qu'il est levé.

Mes yeux s'ouvrent avec difficulté, je n'ai pas aussi bien dormi depuis uen semaine... La soirée d'hier me revient en mémoire petit à petit, et je me rend compte que quelqu'un manque...
Un bruit d'eau sous pression me fait comprendre qu'elle doit être entrain de prendre une douche.

Je me passe les mains sur le visage, essayant de réveiller mes muscles faciaux... Je dois avoir une tête à faire peur. En tout cas, il y en a un qui semble toujours au rendez-vous...

Je finit par me lever, les bruits de la douche ayant pris fin. A peine fais-je mes premiers pas que mon petit orteil vient heurter violemment le pied du lit.

J'étouffe un juron, sautillant sur place, bref, le truc typique de cartoon...
Une fois la douleur dissipée, je fais irruption dans la salle de bain, pour la trouver nue dos à moi, je souris...

Elle peut me voir m'étirer dans le miroir, tout en m'approchant d'elle. Mes bras viennent entourer son ventre, alors que je lui fais un bisou dans le coup...

-Bonjour...

Je relève la tête pour la regarde dans le miroir...

-Bien dormi?

J'avais raison, il s'était bien levé. Je le vois s'approcher de moi dans le miroir et bientôt ses bras viennent faire le tour de ma taille. Je me retourne et, à sa tête, je peux dire qu'il a passé une aussi courte nuit que moi.

"- Bonjour toi."

Je l'embrasse tendrement puis m'échappe de son étreinte pour m'habiller. Mes vêtements sont posés sur le comptoir, je peux donc rester auprès de lui et admirer ses pectoraux.
D'ailleurs je remarque quelque chose dont je ne m'étais pas rendue compte la veille, il a un tatouage en forme de dragon sur la poitrine.

"- C'est quoi ce dragon ?"

Mon esprit n'a même pas eu le temps de réfléchir et ma curiosité a pris le pas. *IL NE SE SOU-VIENT PAS ! Combien de fois faudra-t-il te le dire Sam !* Je me mords la lèvre, j'ai encore fait une gaffe.
Je détourne un peu les yeux, histoire de ne pas constamment fixer le tatouage et m'habille sans faire attention à lui.
Peut-être qu'il ne dira rien... qu'il n'a pas remarqué...

Je commence à me déshabiller pour prendre ma douche... Ce qui ne met pas longtemps. Je rentre dans la douche et fait tourner le robinet.

Un petit frisson me parcourt, l'eau est gelée. Au fur et à mesure elle se réchauffe...
Elle est là, devant moi, son regard posé sur moi.

Sam Curtis a écrit:: "- C'est quoi ce dragon ?"

Je baisse les yeux sur le tatouage, un dragon enroulé dans un cercle presque parfait. Il doit faire une dizaine de centimètres de diamètre. Ce que c'est? Une marque j'imagine, un peu comme si on m'avait tatoué un signe de reconnaissance...
Je décide de lui répondre honnêtement, de toute façon, il n'y pas grand chose à en dire...

-Je ne sais pas, il était tout frais quand je me suis réveillé dans cette ruelle... On m'a marqué...

J'essaye de sourire, mais finit par détourner la tête, l'idée d'avoir été marqué ne me plaît pas du tout, qui dit marqu dit appartenance, et je n'appartient à personne... Ou peut-être à Sam, mais ça c'est une autre histoire...

Je finis de me doucher et attrape une serviette.

"- Je vois."

Je ne préfère pas m'aventurer sur ce terrain glissant. Je ne veux revivre la situation de la veille pour rien au monde.

"- Peut-être que tu as voulu te faire un tatouage de ce genre juste avant ton amnésie."

J'essaie d'être rassurante mais ça sonne faux quand je pense le contraire de ce que je dis.

"- Quoi qu'il en soit... c'est une piste. Tu peux peut-être essayer de faire le tour des tatoueurs de la ville, peut-être que quelqu'un reconnaître ce dessin."

Je suggère des solutions, j'ai l'impression de lui donner des ordres. Comme dans ma vie d'avant, quand j'étais flic.

"- Désolée... déformation professionnelle."

Finalement j'aurais peut-être dû me taire mais j'espère qu'il ne fera pas le lien avec mon ancienne vie.

Je finis de m'habiller et sors de la salle de bain. Je suis presque en retard.

"- Désolée je dois y aller. Je lance du salon. Si tu veux petit-déjeuner, il y a de quoi dans le frigo : oeufs, bacon, lait... café."

Je vérifie que j'ai tout et commence à me diriger vers le hall.

J'accepte volontiers ses suggestions, après tout, il faut bien commencer quelque part..
Certaines résonnent un peu autoritairement, mais comme elle le dit, déformation professionnelle... Quelle profession, ça, ça reste un mystère.
Qui aura tout le temps d'être éclairci plus tard.

J'ai déjà commencé à m'habiller.

Je la retiens alors qu'elle va partir, j'arrive au petit trot dans le halle, ma veste dans une main, ma chemise dans l'autre...

-Attends, attends!
Je sors avec toi, j'irai déjeuner en ville...

Alors qu'elle referme la porte sur moi, je finit de m'habiller sur le palier.
Je suis prêt avant qu'elle n'ai fini de ranger ses clefs...

Avec un sourire, je l'embrasse une dernière fois...

-Bonne journée...